Les forces armées du Mali victimes d’une embuscade : plusieurs dizaines de soldats portés disparus

lun, 06/15/2020 - 18:48

Des dizaines de soldats sont morts ou portés disparus dimanche après une attaque imputée aux djihadistes dans le centre du Mali en guerre, ont indiqué des responsables militaires ce lundi.

 

 

 

Un convoi militaire malien composé d’une douzaine de véhicules a été attaqué dimanche dans la localité de Bouka Weré, au sud-est de Diabaly, à une centaine de kilomètres de la frontière mauritanienne, a indiqué un responsable militaire à l’AFP.

64militaires des forces armées maliennes qui étaient en patrouille sont tombés, ce dimanche, dans une embuscade imputée aux djihadistes.

Selon RFI qui cite une source officielle, seuls quatre véhicules avec une vingtaine d’hommes à bord auraient réussi à s’extraire de l’embuscade. Trois voitures sont rentrées au camp de Goma Coura, situé à 70 kilomètres de la frontière mauritanienne, la quatrième, embourbée, aurait été abandonnée par les militaires maliens.

Ce qui veut dire que les huit autres pick-up du convoi n’ont pas été récupérés par l’armée malienne. Toujours selon Radio France International, à bord, se trouvaient une quarantaine de militaires qui sont donc portés disparus. Depuis hier soir, l’armée de l’air effectue des recherches.

Crise profonde depuis 2012

Le Mali est en proie depuis 2012 à une crise profonde et multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, et des centaines de milliers de déplacés, malgré le soutien de la communauté internationale à l'Etat malien et l'intervention de forces onusiennes, africaines et françaises.

Si un accord de paix a été signé en 2015 avec les ex-rebelles séparatistes du Nord, le pays reste en proie aux violences des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique (EI), aux tensions intercommunautaires, fomentées ou attisées par ces mêmes djihadistes, et aux trafics de toutes sortes. L'autorité de l'Etat ne s'exerce plus que sur des parties du vaste territoire.

Main tendue

Les violences parties du nord du Mali en 2012 se sont propagées au centre du pays, ainsi qu'au Niger et au Burkina Faso voisins.

Depuis que des groupes armés se proclamant djihadistes pour certains y ont pris pied en 2015, le centre du Mali est le théâtre d'exactions en tous genres: attaques contre le peu qu'il reste de l'Etat, massacres de villageois, règlements de comptes et actes crapuleux.

Ces groupes, au premier rang desquels la katiba Macina du prédicateur peul Amadou Koufa, affiliée à Al-Qaïda, ont prospéré sur les anciens antagonismes liés à la terre, entre éleveurs et agriculteurs, entre ethnies et au sein même de ces communautés.

La katiba Macina recrute largement parmi les Peuls, tandis que les ethnies Bambara et Dogon ont créé leurs propres "groupes d'autodéfense".

L'Etat malien tente tant bien que mal, avec le soutien de ses alliés, de mener de front le combat militaire et l'action politique, indispensable à une sortie de crise de l'avis général.

Le président Ibrahim Boubacar Keïta est cependant confronté à une sérieuse contestation intérieure depuis les législatives de mars-avril, à un moment délicat de l'engagement international au Sahel.

Il a tendu la main dimanche à la coalition hétéroclite de chefs religieux, d'hommes politiques et de la société civile qui a fait descendre dans la rue des dizaines de Maliens le 5 juin pour réclamer sa démission, et qui appelle à nouveau à manifester vendredi.

Devant la dégradation de la situation sécuritaire, le président malien a reconnu en février chercher à dialoguer avec certains djihadistes, rompant avec la ligne directrice suivie jusqu'alors officiellement. Rien n'est venu indiquer depuis lors que ces ouvertures se seraient concrétisées.

 

 

Ouest-FranceAvec l’AFP