Pas un mot n’avait pipé sur cette information qui est tombée comme une surprise générale pour beaucoup de mauritaniens. L’UPR, dans sa réunion de ce dimanche ensoleillé a rendu le souffle aux curieux politiques qui attendaient de savoir qu’est-ce que cachait cette convocation de la Task Force pour cette consultation improvisée.
La nouvelle est tombée. Les « pilotes » de cette formation politique véritable train de Bombay bondé de passagers embarqués dans toutes les escales des changements de régimes survenus en Mauritanie, ont décidé de « changer de look ». Ils enterrent ainsi une « appellation » et un Logo simplement pour adresser un message très clair à Ould Abdel Aziz l’ancien président, pour lui dire que de ce pour lequel il avait lancé une bataille de la référence au lendemain de son retour de vacances en Europe, il ne reste plus qu’un Nom et un Logo dont personne même ses plus intimes amis du passé ne veulent plus entendre parler.
S’il faut donner une lecture à cet événement inattendu, c’est peut-être de comprendre simplement que Ould Ghazouani, qui sait parfaitement qu’il n’a aucun moyen de sortir vivant « politiquement » d’un éloignement de ceux qui font et défont les chefs d’états, a « racheté » le capital humain de cette formation politique très puissante, très bien structurée et très solidaire qui n’a pas d’amis mais rien que des intérêts.
Jeu très habile d’un Chef d’Etat, un vrai soldat doté d’un esprit militaire dont la conversion en homme politique demande de jouer à la prudence avec ceux qui détiennent la pédagogie des méthodes de reconversion. Dans ce qui se passe, on sent évidemment bien le parfum de l’habilité tactique de Ould El Waghev, son Ministre Secrétaire Général de la Présidence, un homme très honnête, qui durant toute la période de ses concertations politiques, a pu mieux comprendre et évaluer tous les enjeux des difficultés posées qui empêchent de créer autour du président Ghazouani un environnement compatible avec le respect de ses engagements, indispensable pour divorcer avec les méthodes qui ont été de conséquences très graves pour son prédécesseur.
L’UPR et l’INSAV, « bonnet-blanc, blanc-bonnet » ou un nouveau képi.
Quoiqu’il en soit, il est évident que de cette nouvelle configuration dont, selon certains, Ould Maham, Sidi Mohamed Ould Taleb Amar et Ould Waghew sont « les maitres-penseurs » et les aiguilleurs, a pour but d’effacer du subconscient des adhérents le nom « UPR » qui rappelle à beaucoup d’entre eux de très mauvais souvenirs.
Mais est-ce que cela suffit pour « caller » le parti, qui vient de prendre un « bain de Gange », dans la trajectoire que Ould Ghazouani veut faire suivre par cette formation politique « indisciplinée » qui depuis l’arrivée de Maaouiya au pouvoir s’est toujours montrée incapable d’accompagner n’importe quelle reforme sans dégâts financiers et politiques sur les programmes des gouvernements qui se sont relayés.
Là est la question. Toute la question. Le parti de l’UPR, baptisé aujourd’hui, INSAF, nom choisi évidemment par le président Ghazouani lui-même pour rester dans cette logique d’exprimer ses sentiments réels par des mots-clés, peut-il comprendre les enjeux de ces changements par lesquels le Président « mal-aimé » de l’Opposition veut faire une « Oumra » politique ?
Pour certains adhérents de l’ancien UPR, habillé par « INSAF » pour un nouveau défilé de mode de changement de comportement, ce serait évidemment difficile. Le président Ghazouani veut prouver aux yeux des citoyens et aux yeux de la communauté internationale que même si Ould Abdel Aziz et lui étaient « pile et face » de la même pièce comme on le laisse croire, ils n’étaient pas du tout la même effigie frappée sur les deux faces de la pièce.
Mais Ghazouani sait parfaitement que ce n’est pas lui qui tire les ficelles. Les ficèles sont tirées par les barons de l’UPR qui ont lancé Ould Abdel Aziz à la corbeille. Ces barons, devenus depuis cet après-midi du dimanche par glissement instantané ceux de l’« INSAV », tiennent tout de même tous les leviers de l’économie et des finances. Ils sont « infiltrés » dans tous les domaines qui rapportent beaucoup d’argent facilement, argent dont une partie infime et injectée dans les trésors du Parti pour servir à « recruter » dans les quartiers pauvres les adhérents de la formation qui sont le vrai capital électoral.
Ces barons sont partout présents. Par personnes physiques ou par personnes morales interposées, ils gèrent des entreprises véritables « champs de captages » dans lesquels se déversent tous les financements des grands projets de l’Etat dans les domaines de l’hydraulique, de l’urbanisme, de l’équipement et de l’énergie.
Le changement de nom de la formation politique va-t-il changer les mentalités ?
Le changement de nom de la formation politique va-t-il changer les mentalités ? En tous cas, c’est bien le bût recherché. Mais le temps qui nous sépare des échéances électorales est trop court pour permettre une reconversion même accélérée des mentalités. Le Parti au pouvoir, dans sa version améliorée aura besoin de capitaux énormes pour faire face aux enjeux des élections régionales, municipales, locales et présidentielles qui se pointent à l’horizon.
Ces élections extrêmement décisives seront évidemment électriques. Ghazouani le sait bien et ses généraux des batailles électorales le savent aussi. Ces derniers vont livrer des combats en « campagnes » face à des ennemis qui ne leur feront pas de cadeaux. Parmi ces ennemis, les plus en vue sont, Biram Dah Ould Abeid, et Samba Thiam. Le premier, (Biram) victime de l’erreur monumentale qu’il a commise en se frottant à Ould Bouamatou, est devenu un véritable « déchet » politique en perdition. Le second Samba Thiam, qui n’a pour faire des campagnes électorales qu’une grande « gueule » raciste et xénophobe pour détourner des électeurs, ne représente que l’ombre de lui-même.
Il reste tout de même Mohamed Ould Abdel Aziz, un homme très affaibli peut être par le scandale d’enrichissement illicite, mais par ailleurs, un poids très lourd financièrement qui a encore de très importantes réserves monétaires en cash et en « cache » qui surpassent de loin les capitaux des Sociétés des hommes d’affaires en première ligne du Parti qui l’a lâché. Ould Abdel Aziz pourrait bien injecter des sommes colossales « déterrées » rien que pour jouer au trouble-fête.
Le courant va-t-il passer « en continu » entre Ghazouani et les adhérents « purifiés » de l’INSAF ?
Le Président Ghazouani est en hausse de popularité dans les sondages. Pas les sondages de ces veilleurs de nuits des Etats-Unis et du Canada (Ould K’mach et Abdel Wedoud) qui ne cessent de le diaboliser à travers des vidéos passe-temps pour les voleurs de Nouakchott, de Nouadhibou et d’Akjoujt qui cassent le temps attendant que les citoyens dorment pour se lancer dans leurs activités de viols et d’agressions à l’arme blanche.
Le Président Ghazouani est bien en hausse de popularité dans les sondages. Des indicateurs le confirment. La Mauritanie, est maintenant le seul pays sahélien qui bénéficie du statut de partenaire de l’OTAN. C’est la résultante de la politique de son ministre de la défense et de la visite qu’il a effectuée en janvier à Bruxelles. Cette visite a propulsé la Mauritanie au rang de statut du seul pays interlocuteur valable et de confiance de l’OTAN au Sahel.
L’Ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique en Mauritanie, Cynthia Kierscht a, par une déclaration publique, élevé la Mauritanie au rang de leader en matière de sécurité et dans la construction d’un état de droit pour la cohésion sociale et le soutien à une économie inclusive diversifiée. Cette distinction, prouve que les Etats-Unis ont été mis en confiance par notre pays pour travailler sur un plein potentiel avec nous en tant que pays Leader du Sahel.
A l’Africa CEO forum d’Abidjan organisé en juin dernier, le président Ghazouani a été vivement applaudi pour son discours prononcé sur les opportunités d’investissements en Mauritanie. Ce succès va ouvrir un axe d’investissements pour les entreprises africaines émergeantes et catapulter le développement sous régionale intégré dans notre pays.
Le soutien de l’Arabie Saoudite à notre pays exprimé par la conversion des dépôts de dettes concessionnelles et son soutien à notre économie sous multiformes montre l’ouverture d’une autoroute de partenariat avec ce royaume frère fidèle à la Mauritanie depuis les premières années de notre indépendance.
Tous ces éléments réunis constituent des indicateurs fiables et mesurables pour mettre en évidence le climat de confiance que le président Ghazouani a créé, pour mettre en confiance nos partenaires, pour faire avancer le pays dans la voie de redressement et surtout pour lui permettre de se relever de la chute qui a été entrainée par les dix ans du régime gabegiste de son prédécesseur.
Maintenant reste à savoir si, tous ceux qui étaient « parfumés » ce dimanche au palais des congrès vont comprendre que le président Ghazouani veut poser son propre sceau sur le futur du développement du pays dans un environnement « désinfecté » des pratiques néfastes ? Là est toute la question.
Le temps donnera la réponse, si Mohamed Melainine Ould Eyih, le nouveau président du parti rebaptisé prendra place aux commandes d’une structure politique incontournable et indispensable pour tout président appelé à diriger ce pays.
Mohamed Chighali/Future Afrique