POINT DE MIRE : Les commerçants de la « honte ».

mer, 04/13/2022 - 12:58

Les commerçants ont toujours été et resteront toujours sans nul doute cet Ennemi Public N°UN des citoyens et du gouvernement tant qu’une enquête approfondie et diligentée sur leurs activités criminelles n’a pas été effectuée sans complaisance.

 

Les problèmes que les commerçants posent aux autorités mauritaniennes provoquent des ondes de chocs d’atomes qui deviennent une  fusion qui implose les revendications sociales et politiques du pays.  Si ces revendications ne sont pas contenues à temps,  comme on a pu le constater ailleurs, l’expression de colère des citoyens se manifeste dans la rue.

 

Comme partout ailleurs,  les prix des denrées alimentaires  de  première nécessité,  varient d’une période à une autre. Ce sont des fluctuations, conséquences des hausses des prix des matières sur le marché mondial, qui impactent  sur toute la chaine du circuit d’approvisionnement et de distribution.

 

Tout  au bout de la chaine, cette  hausse des prix des matières premières, (comme une vague qui s’écrase  sur une plage) provoque une mousse  blanche comme à une fumée de lacrymogène  qui finit par éclabousser le panier de la pauvre ménagère.

 

On n’a pas besoin d’être un économiste pour  faire ce constat. Dans les situations de ce genre, c’est donc l’impondérable, l’imprévisible et l’inévitable des conjonctures indomptables qui détermine des « enjeux » qui sont parfois bénéfiques pour certains (les opérateurs) et malheureux pour  d’autres (les consommateurs).

 

Des commerçants nés d’une généalogie de trafiquants.

 

Pour traiter un mal, quel qu’il soit d’ailleurs, il  faut avant tout poser un diagnostic.  Qu’on passe par une consultation classique, par des images (radioscopie, scanner ou réaction magnétique), le but de l’auscultation, est de pouvoir déterminer avec certitude les causes et l’origine du mal pour suggérer le traitement approprié.

 

Le commerce mauritanien est malade. Très malade. Il souffre d’un syndrome immunitaire d’une déficience d’honnêteté  très  grave,  compliquée  par des maladies opportunes multiples qui se manifestent par des réactions sous formes de trafics.

 

Au début des années de l’indépendance, les commerçants les vétérans comme Ehel Noueighedh, Ehel Abdallahi Ould Abdallahi et Ehel Maham, Ehel Birou et d’autres ont joué « aux trafiquants ». Mais très sympathiquement. En déclarant parfois, un prix d’achat inférieur à celui de la réalité, ou en manipulant un peu sur les quantités. C’était juste pour tenter de ne payer qu’une taxe réduite de 20 ou 30 %. Ce petit jeu du chat et de la souris,  visait surtout d’avoir une marge bénéficiaire raisonnable, qui permettrait  d’écouler vite  les produits à des consommateurs à faibles revenus. C’étaient  donc de petites bonnes guerres entre les douaniers (qui passaient quand même  de temps à autre derrière les comptoirs) et  ces commerçants respectables et respectés qui nous enseignaient l’humidité et la sagesse.

 

Ces premiers pionniers des affaires, ont enseignés dans leurs écoles de commerce des hommes de renommés devenus aujourd’hui des multimilliardaires qui se sont enrichis dans l’honnêteté et la bonne éducation.

 

Au temps du président  feu Me Moctar Ould Daddah, le père de la nation, le pays ne vivait pratiquement que de ses recettes douanières et fiscales qui étaient appliquées dans les règles de l’art. Ces recettes étaient déterminées dans une « complicité » consensuelle qui faisait que les commerçants ne soient pas très affaiblis par des taxes contraignantes et que l’Etat ne se retrouve pas avec des caisses de recettes douanières presque vides.

 

Quand les militaires donnent l’exemple pour marquer le pas.

 

Avec l’arrivée des militaires en  1978, les choses avaient commencé à changer. Les officiers militaires qui avaient pris le pouvoir sortaient d’une guerre éprouvante sur tous les plans. Certains  « revenaient » du front très « fatigués » moralement, très affaiblis physiquement,  mais surtout « très fauchés ».

 

Si parmi ces militaires  on comptait des officiers intègres, immaculés  de très bonne moralité comme feux  Le Colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck, Le Capitane Moulaye Hachen, le Colonel Ahmed Salem Ould Sidi,  le Colonel Ahmed Ould Bouceif,  le Capitaine Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Louly,  le Colonel Mohamed Khouna Ould Haidallah,  le Capitaine Athié Hamath, le Capitaine Mohamed Mahmoud Ould Deh, -(en m’excusant si je n’en ai omis-)-,  il y’en avait par contre d’autres  qui en avaient « marre » de vivre avec des treillis pleins de poches toutes vides. Mais surtout,  il y’avait parmi ces officiers  certains (du Nord) qui avaient un gout et un sens très  poussés pour les affaires à but  lucratif.

 

Le chèque de Hamdi Ould Mouknass, un ballon d’essai.

 

Les indicateurs de ce constat étaient nombreux. Quand Hamdi Ould Mouknass (ministre des affaires étrangères de l’époque) était rentré en provenance de Khartoum après le coup d’Etat, il s’était rendu volontairement aux militaires. Dans son cartable il avait un chèque, don d’un gouvernement  au gouvernement mauritanien.

 

Les officiers militaires qui manquaient de tout, et dont certains couraient derrière des arriérés de salaires ne pouvaient pas attendre les procédures de transfert trop longues et très compliquées. Sur proposition de l’un deux, ils ont « vendus » le chèque à un homme d’affaire mauritanien moyennant une « remise alléchante ».

 

Dans les faits le chèque posait deux problèmes aux militaires. Le premier problème ce n’était pas de l’argent liquide mais un montant virtuel qui ne pouvait pas être versé immédiatement. Le second problème, les militaires craignaient que le donateur ne renonce au versement du montant du chèque à cause du coup d’état survenu entre temps.  ils avaient  donc décidé de se débarrasser du chèque à la  hâte  et l’homme d’affaire (dont je vais taire le nom) l’aurait accepté à « «risque » à condition qu’il ne paye en contrepartie qu’un montant convenu d’un commun accord. Juste une anecdote pour dire que,  depuis ce  premier « troc », certains  militaires se sont trop rapprochés  des commerçants pour mener des petites « incursions » dans des d’affaires.

 

Cette « confiance » établie entre les hommes d’affaires et les militaires sur la base d’intérêts réciproques, a évolué avec le temps. Cette évolution a « mis en confiance » de nouveaux commerçants « nés du coup d’état militaire » qui ont profité de leur proximité avec les militaires pour se verser   dans toutes sortes de trafics.

 

De la fourniture à l’état oui mais à prix surfacturés.

 

La situation s’est empirée après l’arrivée au pouvoir de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya. L’état achetait beaucoup mais payait très tardivement. Et les commerçants dont les capitaux sont immobilisés par des livraisons et qui ne se faisaient pas payer dans des délais raisonnables majoraient certains prix de 80 %.

  

Cette situation  s’est complétement aggravée avec l’arrivée au pouvoir de Ould Abdel Aziz. A partir de son second mandat (2014), il a été contaminé par un virus de transactions commerciales et économiques qui avait fait de lui, (d’après le rapport d’une enquête parlementaire), le plus grand homme d’affaires du pays qui exerçait ses activités  par personnes interposées. Ce que doit  encore confirmer la justice par des preuves irréfutables.

 

Ce qu’il faut peut-être retenir de cette évolution du désordre épouvantable  dans laquelle  baignait et baigne encore de nos jours l’anarchie de  l’import et l’opérât économique  c’est que, certains  militaires qui se sont trop rapprochés des commerçants, ou qui se sont affiliés aux activités  de certains d’entre eux ont laissé le champ libre à la spéculation sous toutes ses formes, au trafic de tous genres et plus grave encore à  l’approvisionnement du marché en  n’importe quoi , par n’importe qui,  n‘importe quand et   n’importe comment  sans contrôle véritable et sans mise en place de garde-fous.

 

Entre 2008 et 2019 on avait dépassé le  stade du contour  des postes de douanes de Rosso que faisaient des commerçants pour introduire sur le marché  quelques cartons de  tomates « Le Baobab » ou des sachets des petits  ballots de plastiques importés du Sénégal,  ce qui n’avait rien de méchant.

Au cours de cette période, des trafiquants « déguisés » en commerçants sont passés à l’industrie lourde. Trafics sans discontinuer de tous produits non homologués. Trafics de tous produits périmés. Trafics de  faux médicaments ou médicaments contrefaits. Trafics de drogue.

On est  donc passé du trafic de quelques dizaines de cartons de chaussures introduits frauduleusement à des  centaines de milliers de tonnes de produits de tous genres, de toutes provenances.

 

Des médicaments contrefaits en provenance de l’inde, de chine ou du Ghana. Des poulets importés du Brésil conservés dans des entrepôts frigorifiques parait-il depuis la seconde guerre mondiale. Du sucre d’Argentine mêlé à des sacs de la drogue. Des fins de stocks de produits à dates limites de grandes surfaces européennes de France, de Belgique, ou d’Italie. De l’huile recyclée et reconditionnée d’origine inconnue. Du riz acheté à bas cout à des vendeurs offshore qui blanchissent l’argent. Du thé de contrefaçon conditionné  en chine spécialement pour le pays ou du thé périmé reconditionné dans des petites unités de montages clandestines. Des variétés énormes de laits de très longue conservation dont les dates de péremption imprimées sur les emballages rallongent les durées de vie.

 

Des commerçants  du Cartel des Médinas R et G.

 

A partir des années 80, les activités commerciales ont doublé d’intensité. Ce n’était pas le marché national qui avait explosé  les besoins des produits à importer. A cette époque, la Mauritanie ne comptait qu’une population estimée à 1.500.000 habitants. Mais avec l’entrée de la Mauritanie dan l’espace de la CEDEO et les accords bilatéraux signés entre le Mali et la Mauritanie, les activités commerciales se  sont multipliées de manière vertigineuse. Certains expliquent le phénomène par l’intensification des activités de transit des marchandises destinées au Mali pays enclavé. Le ravitaillement du Mali qui est assuré  par une logistique maritime depuis les entrepôts du Wharf de Nouakchott permettait à des commerçants de mener des activités d’écoulement de ravitaillements qui tournent en boucle à l’intérieur du pays pour approvisionner des commerces excentriques.

 

En moins de trois années, toutes les rues principales des quartiers des Medina G et R,  (quartiers habités les années 70 par des femmes  de mœurs légères qui vivaient des salaires de fonctionnaires des logements sociaux des ilots  A, B et C et des blocs), ont été occupées par des commerçants, distributeurs, et des revendeurs qui brassent des milliards de recettes par jour et qui n’arrêtent pas de pleurnicher  chaque fois que les services des impôts passent pour les redevances  du trésor public.

 

C’est cette activité commerciale intense, qui a créé la  célèbre mythique rue « Chari Erizgue »  où les chargements et les déchargements sont intenses onze  heures par jour sept jours sur sept. C’est un centre névralgique d’activités commerciales sous emprise d’un puissant Cartel plus puissant que celui de Medellin établi sur un  territoire qui s’étend du marché de la capitale au dernier bâtiment de la SOCIM.

 

Dans cette zone de libre échange, tout s’achète et tout se vend sous le nez des autorités administratives dont la Police  Commerciale du Ministère de Tutelle (les contrôleurs) ne peut s’y aventurer que pour acheter ou encaisser les « dessous-de-table ».

 

Tous les logements de ces deux quartiers ont été transformés en Centres Commerciaux ou en dépôts fictifs. Les façades des logements dont utilisées comme « boutiques-témoins » et les arrières comme entrepôts de demi-gros. Tous les logements des rues  adjacentes et secondaires des deux quartiers ont été transformées en dépôts fictifs ou des centaines de  tonnes de produits de tous genres sont stockés et d’où sont chargés les milliers de semi-remorques qui ravitaillent toutes les régions des entrantes de notre frontière avec le Mali et par endroits avec le Sénégal.

 

Le commerce une activité libérale, indépendante.

 

Il y’a deux choses importantes  que les premiers responsables du Ministère du Commerce (Ministre, Secrétaires Généraux, Conseillers et Contrôleurs) ne comprennent pas, ne cherchent pas à comprendre, ou se refusent à comprendre.

La Première, c’est que le commerçant qu’il soit grossiste ou détaillant, est avant tout un employé, même s’il gère sa propre affaire. Ce qu’on attend de lui ou ce qu’il attend lui-même de de lui-même, c’est que le  fond de roulement ou le capital investis soit fructifiés. Peu importe de quelle manière et peu importe les moyens employés. Il peut donc fixer le prix au détail en gros ou demi-gros à sa convenance surtout s’il n’est pas soumis à l’obligation de l’application de tarifs par une institution de régulation.

 

Il peut par exemple pour éviter des pertes lourdes, recycler  une marchandise si elle est périmée. Pour le lait, le riz, le sucre  où les pâtes  par exemple  produits qui lui coutent chers à l’achat, il change simplement leurs emballages en apposant une nouvelle date. Ces produits peuvent être consommés encore 6 mois après la date de péremption d’origine sans donner des signes de péremption par la couleur, l’odorat ou le gout. C’est d’ailleurs peut être ce que cache ces petits sachets de lait sous différents labels vendus à 50 l’unité dans les boutiques de proximité.

 

Ensuite, ce commerçant, ne ressent pas la hausse des prix. S’il tient une boutique de quartier, il mange sur son propre stock (riz,  pâtes, huile et poulets) ce qui signifie qu’il ne dépense pas. S’il est propriétaire d’un commerce de gros ou demi-gros, il ravitaille  sa famille gratuitement de sa propre marchandise. Ce qui signifie qu’il se fiche éperdument de la hausse des prix même si elle est vertigineuse, puisqu’il est à l’abri de l’impact. C’est la vieille mendiante qui revient du carrefour ou la ménagère qui va au marché qui ressentent  l’impact si elles achètent la marchandise.

 

Les barons de l’importation, des intouchables.

 

La deuxième chose que ces responsables du Ministère  ne savent pas, c’est que ceux qu’on appelle les opérateurs économiques (les grands importateurs), fixent le prix de la vente en gros à partir d’éléments  d’appréciations (la provenance de la marchandise, le cout de la manutention, le transport  primaire vers les entrepôts et les taxes douanières). Mais depuis l’exploitation des technologies nouvelles et l’ouverture de l’espace économique à grandes échelles, les couts des transactions peuvent être considérablement réduits.

 

En 1994, j’avais rencontré sur le Ferry qui assure la traversée de la baie de Freetown (Sierra Léone) un français. Nous avons fait connaissance pendant la traversée. Il m’avait   demandé qu’est-ce que je faisais dans la  vie.  Je lui ai dit que j’étais journaliste  et en rigolant,  j’avais ajouté « peut-être pas bon, mais journaliste quand même». Il m’avait demandé quelle était ma nationalité, je lui ai dit que j’étais mauritanien. (Il me prenait pour un somalien).

 

Il m’a dit : « je connais votre pays ». Je lui ai dit : « Ah bon ! Vous avez déjà été ? ». Il m’a répondu « Oui ». Je lui ai  demandé : « en touriste ? » il m’a répondu : « non. Pour vendre des produits ». Je lui ai dit : « Ah Bon et quels produits vous vendez ? » il m’a répondu : « du Riz, du Sucre et du Lait ». Je lui ai posé la question de savoir s’il avait pu vendre quelque chose dans mon pays. Il m’a expliqué qu’il n’est pas arrivé, parce que simplement un opérateur (dont je vais taire le nom),  très influent  à cette époque l’avait bloqué parce que le prix que le mauritanien lui proposait était très  bas et ne lui laissaaient pas une marge bénéficiaire incitante.

 

Je vous raconte cette anecdote parce que, quand je lui ai  demandé d’où il importe  son riz, (tenez-vous bien) il m’a expliqué que c’est un coutier qui travaille pour une multinationale qui a des bateaux pleins de produits de tous genres au large des côtes prêts à accoster dans les ports des pays comme le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée, la Sierra Léone s’ils achètent.

 

C’est vous dire que parfois, nos opérateurs achètent des produits qui sont disponibles au large  des côtes africaines ce qui réduit leur cout à l’achat. Ces bateaux transportent des marchandises parfois refusées par des pays qui en avaient fait les commandes pour des raisons ou pour d’autres comme la conformité.

 

Et comme notre pays est malheureusement le plus grand « déversoir » des marchandises qui sont refusées par  des pays pour des  raisons de contrôles de qualité ou de non-conformité avec les documents déclarés, cela explique les quantités énormes de produits achetés et stockés dans des entrepôts fictifs, des magasins anonymes loués dans toutes les ruelles secondaires et tertiaires des Medina R,  G et 3 de la Capitale.

 

Une refonte totale du système de contrôle qui s’impose.

 

Au troisième trimestre de l’année 2020, les commerçants mauritaniens avaient déjà des stocks de sécurité de denrées de premières nécessités pouvant couvrir  plus de deux ans du besoin du marché. En prévision des impacts pouvant perturber le trafic maritime et la production industrielle  à cause du CORONAVIRUS, nos commerçants  avaient augmenté  considérablement ces quantités stockées en tenant compte des évaluations des besoins du marché malien de proximité  des localités de  Bassiknou, Kobeny, Tintane, Adel Bagrou, Nara, Fassala et Wompou).

 

Ces stocks  ont achetés  avant  la variation des prix entrainés par la Pandémie. Mais malgré tout, nos commerçants  avaient  provoqué  une incroyable  spéculation sur les prix qui a été de conséquence grave sur les paniers de la ménagère. Cette spéculation démesurée avait entrainé  du coup des fractures sur les   pouvoirs d’achats des citoyens en  entrainant des situations incontrôlables. Ces agissements avaient eus lieux aux mauvais moments  et avaient  évidemment causés des troubles sociaux dont les chocs heureusement ont été  amortis par les interventions d’urgences « Cheylatts », les paniers alimentaires et les cash transferts ordonnées  par le Chef de l’Etat pour assister les plus démunis.

 

Les spéculations provoquées volontairement par les commerçants du gros, demi-gros et du détail ont prouvé que la  Centrale de Vente que constituent les  magasins de distributions des rues de l’espace commercial des Médinas R, G et les ilots A, B et C, est  devenue une véritable zone franche d’un  sabotage économique, autonome, indépendante qui échappe à  tous contrôles.

 

Tout au long de la période extrêmement  difficile du Coronavirus (sous le gouvernement I de Ghazouani), tous les efforts entrepris pour mobiliser des  fonds nécessaires à la prévention et à l’acquisition des équipements médicaux, ont été minimisés par les commerçants qui,  au lieu de faire sens du devoir, ont mis en place avec la complicité de certains fonctionnaires véreux des filières puissantes et  rodées pour détourner  les financements alloués aux  marchés de fournitures, d’équipements, des denrées et  du matériel par une envolée et une flambée des prix inexpliquées. Tout le monde se souvient de ces « Maghsels » achetés à 8.500 Mro l’unité pour un prix homologué sur le marché à 350 Mro à l’époque.

 

C’est pour expliquer  que les commerçants s’étaient ouvertement  complétement désolidarisés des pouvoirs publics  et ont profité de la situation  exceptionnelle et très difficile pour imposer leur loi, pour semer la terreur de la ménagère et s’enrichir.

 

Maintenant après que tout ce qui s’est passé, qui met en évidence que les commerçants des paliers du gros, demi-gros et détails, n’ont jamais voulus se montrer coopératifs ou solidaires, ni  avec les pouvoirs publics ni avec  les citoyens, l’état doit prendre ses responsabilités et imposer   à ces commerçants  de se conformer aux législations en vigueur et de se soumettre dorénavant à une discipline d’application stricte  des prix fixés par les autorités.

 

L’état doit prendre ses responsabilités pour prouver sa bonne foi.

 

Un Etat doit être en mesure de mettre fin, même s’il le faut par des moyens dissuasifs voire même répressifs, à la dictature des commerçants qui appliquent des  prix à leur convenance et qui  créaient une anarchie épouvantable. Cette situation ne peut plus durer parce qu’elle sort complétement de son cadre économique.  Tout prouve maintenant que cette situation à des dessous politiques inavoués par lesquels,  certains infiltrés dans le commerce cherchent à créer une confrontation qui opposerait les citoyens au régime en place pour le déstabiliser.

 

Si les autorités compétentes ne sont pas capables de rappeler à l’ordre les spéculateurs qui servent  de « minutions » à des politiciens d’une opposition radicale qui financent certains commerçants injectés dans les circuits économiques,  le gouvernement doit prendre toutes  ses responsabilités et sanctionner sévèrement les responsables du département du commerce qui devient une véritable épine plantée  au pied du régime.

 

Il faut le préciser peut être. Ce n’est pas la faute de ces commerçants si un tel laisser-aller leur est permis. C’est plutôt  la faute des services centraux du Ministère du commerce dont beaucoup de responsables  et à tous les niveaux sont « anesthésiés » par des corruptions qui commencent sérieusement à couter  très cher  au panier de la ménagère mais aussi et surtout, sur un autre plan, elles commencent à tacler les « Taahoudaths » pris du président de la République lors de sa campagne émectorale.

 

La preuve. Au lieu d’appliquer des sanctions dissuasives  et des mesures contraignantes aux commerçants qui enfreignent la loi  de manière délibérée et qui  refusent de  rentrer dans les rangs d’une pratique règlementaire qui s’applique à tous, les responsables du ministère contournent l’essentiel pour semer la diversion. Ils font un grand tapage pour dire par exemple : « nous avons dressés des procès-verbaux contre les commerçants qui n’affichaient pas les prix, ceux qui ne détenaient pas de factures d’achats de leurs stock,  etc… ».

 

J’aimerais bien poser la question aux responsables du Ministère commerce pour leur demander qu’est-ce que la ménagère de Nbeikitt Lahwach ou de Tifondé Civé a « à foutre » avec un affichage des prix, elles qui n’ont  jamais mis les pieds à l’école ?

 

Il y’a deux éléments qui concourent à démontrer que les responsables du Ministère du commerce ne cherchent pas à s’attaquer à la racine du Mal. Le premier élément, c’est  cette information largement diffusée sur la presse, pour dire que les éléments en charge du contrôle ont « verbalisé  des commerces, saisis des balances et des poids de mesures qui n’étaient pas conformes aux normes ». 

Des balances et des poids de mesure qui appartiennent sans doute  à des vendeuses de légumes ou des petits détaillants des boutiques de proximité des quartiers pauvres.

 

J’ai honte pour mon pays dont les responsables en charge de la répression des fraudes tapent  avec le bâton sur la tête des vendeurs  des petites étales, et tendent la carotte aux gros commerçants  et aux opérateurs.

 

Cours élémentaire de calculs sur les intérêts et les  profits.

 

J’ai honte et c’est pourquoi, j’invite les responsables de la centrale d’Achat à un cours de mathématique élémentaire sur le poids et les mesures. Le gouvernement mauritanien, par la voix de son ministre de l’élevage a confirmé officiellement l’achat de 90.000 tonnes d’aliments de bétail. 75.000 tonnes de blé et 15.000 tonnes fourrage vert. C’est beaucoup.

 

Je ne suis pas doué en calculs. Mais je crois que 75.000 tonnes de blé représentent 75.000.000 de kilos soit 1.500.000 sacs de conditionnement de 50 kgs. Si les « acheteurs » de ces quantité par exemple  gagnent (comme pourboire 100 ouguiyas par sac) il se « sucrent » 150.000.000 d’ouguiyas. Et si l’opérateur leur livre des sacs où le poids est diminué  de dix grammes au kilo, cet opérateur économisera  sur la quantité  globale 3.000 sacs.

 

Ce qui n’empêche pas l’inspection Générale de l’Etat (version indépendante) de  jeter un coup d’œil sur ces chiffres. Même si c’était juste pour casser un peu de temps de ces journées longues du jeun du mois béni du Ramadan.

 

Ce n’est pas la vendeuse de salade ou  le vendeur de charbon qui trichent par ce que leurs poids de mesures  sont faits localement par des forgerons et que  leurs balances  sont fabriquées  par des artisans négro-mauritaniens qui n’utilisent pas de moules.

 

 Le lait de la chamelle égarée  appartient à celui qui en assure la garde « en attendant  son remplacement ».

 

Je ne comprends pas très bien le français s’il est trop académique. Mais je crois que Mélanine Ould Khaled avait  écrit le 10 octobre dans un article paru sur  le site Aqlam  quelque chose qui va dans le sens de  tout ce que je viens de dire. Je le cite : « Tant que l’accès de la haute fonction publique sera perçu par tous comme la voie la plus rapide et la moins contraignante pour se constituer une fortune personnelle dont l’étalage public sert aussi d’ascenseur social, l’Etat sera toujours considéré pour ce qu’il est réellement dans nos pratiques et nos représentations mentales, un gâteau à partager. Ou plutôt, (pour rester dans les couleurs locales), la chamelle perdue dont le lait appartient à celui qui en assure la garde avant que son propriétaire ne vienne la récupérer alors qu’à l’instar de la chamelle perdue, l’appareil administratif de  notre Etat  reste cette « Dhalla » dont le gardiennage légitime l’appropriation provisoire ». Melainine Old Khaled devient plus précis quand il ajoute : « Cette chamelle  on s’en sert avant de la  passer au suivant,  avec la certitude qu’aucun propriétaire ne vous demandera des comptes ».

 

Mohamed Chighali

Journaliste indépendant.