Le poisson devient cher en Mauritanie après la suspension des pêcheurs sénégalais

lun, 02/27/2017 - 21:53

Le prix du poisson destiné à la consommation en Mauritanie est monté en flèche après la suspension des pêcheurs sénégalais au début du mois de février courant, a-t-on constaté sur le marché à Nouakchott.

« L’espèce connue localement sous le nom de yayboy (sardinelle) est vendue aujourd’hui à 150 ouguiyas (253 F CFA) alors qu’elle était à 50 ouguiyas (84 F CFA) il y a un mois », a indiqué Assiettou Mint Djibril, mère de famille.

Quant à la corbine, son kilogramme coûte 1.600 ouguiyas (2.700 F CFA) contre 1.200 (2.028 F CFA) début février, a-t-elle, ajouté, précisant que ce sont les deux espèces les plus consommées en Mauritanie.

Cette situation répond parfaitement à la loi de l’offre et de la demande, car la hausse observée est provoquée par une chute des quantités de poissons mises sur le marché.

Une telle chute est consécutive à la suspension, au début du mois, des pêcheurs sénégalais travaillant à bord de pirogues dans les eaux mauritaniennes.

Or les Sénégalais représentent la majorité écrasante des pêcheurs dans le sous-secteur artisanal en Mauritanie, sous-secteur qui alimente exclusivement le marché local.

En dépit de ses côtes réputées parmi les plus poissonneuses au monde, la Mauritanie n’a pas une grande tradition de pêche et ses ressortissants ne se bousculent pas pour prendre la mer à bord de pirogues peu sûres.

Nouakchott avait conclu en 2015 avec Dakar un accord aux termes duquel elle lui offrait 400 licences de pêche artisanale. Toutefois, ces licences n’ont pas encore été renouvelées pour 2017 en raison d’une nouvelle législation.

Parallèlement, les armateurs mauritaniens comptent entièrement sur des pêcheurs sénégalais de Saint-Louis, très aguerris dans ce métier et qui sont une main d’œuvre à bon marché. Ces derniers sont mécontents de la mesure prise à leur endroit et qui les prive systématiquement de travail.

Les autorités mauritaniennes assurent que cette suspension est motivée par le statut irrégulier de ces pêcheurs qui doivent se conformer à la nouvelle stratégie mise en place dernièrement.

Ladite stratégie prévoit notamment deux mesures que les Sénégalais estiment préjudiciables à leur égard : d’abord le débarquement de toutes les quantités capturées dans un port mauritanien avant leur départ pour le Sénégal. Ensuite, tous les personnels travaillant à bord d’embarcations relevant du régime national de pêche doivent être obligatoirement de nationalité mauritanienne.

Dans des termes diplomatiques, le ministre mauritanien des pêches et de l’Economie maritime Nany Ould Chrougha, a déclaré, il y a quelques jours, que la nouvelle stratégie allait être « mise en œuvre avec rigueur», dans des propos tenus à Nouakchott à l’issue d’une réunion de travail avec son homologue du Sénégal, Oumar Gueye.

Ould Chrougha a souligné que cette stratégie aurait dû être mise en œuvre en janvier 2016, mais un préavis de 13 mois avait été donné aux étrangers pour qu’ils aient le temps de se conformer à la nouvelle réglementation.

 

Apanews /MOO/cat/APA