La rentrée politique 2017 en Mauritanie s’annonce sous la forme d’une grosse bataille autour des réformes constitutionnelles.
Ce combat opposera le pouvoir à l’opposition radicale regroupée au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) et du Rassemblement des forces démocratiques.
Le président Mohamed Ould Abdel Aziz est rentré de vacances ce lundi 9 janvier. Le chef de l'Etat mauritanien a observé un break de trois semaines qui lui a permis de se reposer en famille dans la région du Tiris Zemmour.
Sur son bureau, le dossier le plus brûlant est incontestablement celui d’une série de réformes constitutionnelles pour l’approbation desquelles le Parlement devrait se réunir sous forme de congrès et en session extraordinaire, au cours des prochains jours. Une affaire pressante même si la date de ce conclave crucial reste encore jalousement gardée secrète.
Ces réformes sont le résultat d’un dialogue national organisé du 29 septembre au 20 octobre 2016. Un forum boycotté par l’essentiel des forces de l’opposition.
Les réformes annoncées portent notamment sur la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, le changement de certains symboles nationaux (hymne et drapeau). «Le président de la République en tête, nous avons accompli le travail nécessaire pour que les réformes proposées au Parlement passent comme une lettre à la poste», explique à le 360Afrique, un cadre de l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité.
C’est probablement cette stratégie de conquête des voix des élus qui a poussé le gouvernement à faire quelques «largesses» distribuant des terrains aux sénateurs dans une zone résidentielle de Nouakchott, la semaine passée, remarque un analyste politique.
Opposition en ordre de bataille
Pour sa part, l’opposition regroupée au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), allié au Rassemblement des forces démocratiques (RFD), qui prônait «un boycott actif» dans la perspective du référendum populaire, va légèrement modifier ses plans de bataille.
Ainsi, on va vers «une nouvelle stratégie de pression permanente sur tous les élus et l’opinion publique de manière générale. Nous organisons un colloque autour de la question des réformes constitutionnelles proposées par le gouvernement les 11 et 12 janvier.
Une manifestation à l’occasion de laquelle l’opposition entend montrer que les changements de drapeau et d’hymne national ne sont pas des réformes pertinentes. La Mauritanie, qui se retrouve dans une situation inédite, avec l’obligation constitutionnelle d’une alternance en 2019, a besoin d’un consensus fort pour sortir de la crise politique actuelle et éviter les éventuels dérapages», déclare à le360 Afrique Yahya Ould Ahmed Waghef, président du Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD-ADIL), ex-Premier ministre.
Par ailleurs, dans le cadre de la même stratégie visant à faire échec à l’adoption des réformes constitutionnelles, le FNDU entame un cycle de meetings par le quartier de Sebkha (populeuse banlieue de Nouakchott Ouest) à partir du samedi 14 janvier.
Le chapelet de manifestations populaires se poursuivra pour couvrir toutes les communes de Nouakchott entre le 21 et 28 janvier. Une empoignade en perspective sachant que les soutiens de la mouvance présidentielle ne comptent pas laisser le terrain aux opposants.
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya
LE360