
Le député Biram Ould Dah Ould Abeid a qualifié la guerre contre la corruption déclarée par le Président Mohamed Ould Ghazouani de « guerre illusoire sans armes ni résultats, et sans impact réel ».
Ould Dah Abeid a déclaré – dans un communiqué – qu'Ould Ghazouani « n'a agi qu'après le scandale du rapport de la Cour des comptes, et par des mesures symboliques qui ne changent rien à la réalité du pillage de l'État et de la destruction des institutions ».
Il a ajouté que le Parlement a été « dompté par les privilèges et les avantages particuliers, se transformant en une chambre silencieuse dont la seule préoccupation est l'approbation et la validation des décisions du gouvernement, au lieu d'être un pouvoir de contrôle et de législation », et que la commission d'enquête parlementaire de 2020 n'était « qu'une manœuvre politique et un outil de règlement de comptes, et non une démarche sérieuse de lutte contre la corruption ».
Il a souligné que les organismes de contrôle souffrent d'un « manque considérable de ressources humaines et d'une détérioration de la structure administrative, rendant les résultats de leur travail marginaux et sans impact ». De plus, la structure de l'administration publique, les mécanismes de nomination, la faiblesse des capacités institutionnelles et l'absence d'une évaluation objective des politiques publiques sont « autant de facteurs qui ont fait des fonds publics une proie facile aux mains d'une minorité qui ne connaît que la logique du butin ».
Ould Abeid a ajouté que les opérations de contrôle annuelles ne dépassent pas 5% de l'ensemble des dépenses publiques, qui dépassent les deux mille milliards d'Ouguiyas, un chiffre qui révèle – selon ses termes – la fragilité de l'ensemble du système de contrôle.
Ould Abeid a décrit le nombre de personnes poursuivies pour corruption au cours des trois dernières décennies comme étant « limité de fonctionnaires, cela s'inscrivant souvent dans le cadre d'un règlement de comptes politique, et dans de nombreux cas, ils ont été acquittés, dans un scénario qui reflète une politique d'impunité totale ».
Ould Dah Abeid a mentionné que la corruption est « devenue un système de gouvernance intégré, basé sur le favoritisme et les allégeances personnelles, avec la complicité des élites politiques et financières, et que la combattre nécessite une réforme radicale et globale de la structure de l'État et de son système législatif et administratif ».
Par ailleurs, Ould Abeid a estimé que la corruption a des racines qui remontent « à la nature du système politique basé sur le parti-État, qui a fait de l'appartenance politique un certificat d'immunité et une source de protection pour les responsables qui pillent l'argent public sans crainte, et qui a fait de la fonction publique un moyen d'enrichissement illicite. L'administration s'est transformée en un bras électoral du parti au lieu d'être un appareil national au service des citoyens ».
Il a jugé que pour sauver le pays de cette « destruction institutionnelle », il est nécessaire de séparer l'État du parti au pouvoir, de mettre fin aux caravanes politiques au nom de l'État, de réformer le mécanisme d'élaboration des lois de finances, de renforcer les capacités de la Cour des comptes et des organes de contrôle, et de faire appel à des cabinets d'audit internationaux indépendants pour examiner les lois de finances et soutenir le travail des organes de contrôle nationaux ».
Les propositions d'Ould Abeid comprennent la nécessité de soumettre la Présidence et le Premier ministère au contrôle de la Cour des comptes et de publier ses résultats dans le rapport général de la Cour pour garantir la transparence au sommet de la pyramide du pouvoir, d'activer le rôle de contrôle du Parlement en créant au moins 5 commissions d'enquête annuelles, et des interpellations hebdomadaires publiques du gouvernement devant les députés.
Parmi les propositions d'Ould Abeid pour lutter contre la corruption, on trouve la réforme radicale des médias publics pour les transformer d'un « outil de propagande et de flatterie en un espace libre de pluralisme et de contrôle populaire », la soumission de tous les contrats et accords internationaux à l'examen d'organismes gouvernementaux et de bureaux indépendants, et le lancement d'un débat national urgent et global sur la corruption et le pillage des fonds publics.
Ould Abeid a également proposé de réformer le système des nominations en adoptant le principe de la compétence et du mérite au lieu de la loyauté politique et du favoritisme tribal, d'activer les mécanismes de contrôle, de numériser les services et les procédures administratives, et de promulguer une loi stricte sur le conflit d'intérêts interdisant aux hauts responsables et à leurs proches de participer aux marchés publics ou d'en bénéficier directement ou indirectement, avec une révision approfondie des marchés publics via la publication de tous les contrats majeurs sur des plateformes ouvertes permettant aux citoyens de les consulter.
Il a souligné que ce qui combat la corruption est de redonner ses lettres de noblesse à la justice, de récupérer les fonds pillés en poursuivant les personnes impliquées à l'intérieur et à l'extérieur du pays, de recourir à la coopération judiciaire internationale pour suivre les réseaux de corruption et récupérer les avoirs détournés, de protéger les lanceurs d'alerte contre toute poursuite administrative ou judiciaire, de réviser le système électoral pour garantir une véritable représentation du peuple et réduire l'impact du capital politique et tribal sur le processus électoral, et d'allouer une part considérable du budget à l'éducation, à la santé et à l'emploi.














