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La visite du président de la République à Rosso devait être un moment fort, une vitrine pour la capitale du Trarza, symbole du fleuve et de la coopération entre le Nord et le Sud. Mais ce qui aurait dû être un temps de fierté s’est transformé, pour beaucoup, en une démonstration du désordre et du manque de sérieux de certains cadres locaux.
À Rosso, la veille de la visite présidentielle a ressemblé à une course contre la montre. Peinture hâtive sur quelques murs, ramassage superficiel d’ordures, agitation autour des circuits officiels… tout a été fait à la dernière minute, sans vision d’ensemble.
Les structures administratives, censées travailler main dans la main, ont agi en ordre dispersé, chacune tirant la couverture à soi. Cette improvisation a donné à la visite l’allure d’un spectacle organisé à la hâte, loin d’une ville
Plus grave encore, les rivalités entre certains responsables locaux ont pris le pas sur l’intérêt général.
Au lieu de s’unir pour accueillir le chef de l’État dans la dignité, plusieurs cadres se sont livrés à des luttes d’influence stériles. Les conflits entre élus municipaux, chefs de services et notables ont miné la cohésion nécessaire pour réussir cet événement national.
Cette division publique, visible jusque dans les préparatifs, reflète un mal plus profond : l’absence de culture de travail collectif au service du citoyen.
Certains ont cru qu’en maquillant la ville pour quelques heures, ils pourraient masquer des années de négligence. Mais les habitants de Rosso, eux, ne sont pas dupes.
Ils savent que l’eau potable manque, que les routes sont dégradées, que les jeunes manquent d’emploi et que les inondations menacent chaque saison.
Face à ces réalités, les banderoles et les slogans de circonstance ne suffisent pas. Le peuple attend des actes, pas des promesses ni des photos.
Le président est venu avec des projets, une vision de développement, un message d’unité nationale.
Mais comment ce message pouvait-il résonner dans une ville où les autorités locales peinent à s’entendre et à anticiper ?
Rosso avait l’occasion de montrer qu’elle pouvait redevenir une ville-pilote du sud mauritanien. Au lieu de cela, elle a révélé au grand jour ses fragilités institutionnelles et ses divisions politiques.
Cette visite doit être un électrochoc.
Les cadres locaux de Rosso doivent comprendre que servir l’État, ce n’est pas se servir de l’État. Qu’une visite présidentielle n’est pas une compétition d’ego, mais une responsabilité collective.
Rosso a du potentiel : sa position stratégique, son histoire, son peuple travailleur. Mais pour avancer, il faut des responsables qui placent l’intérêt public au-dessus des ambitions personnelles.
Rosso mérite mieux que des querelles et des façades repeintes.
Elle mérite une gouvernance sérieuse, unie, ambitieuse — à la hauteur de sa place dans l’histoire et du regard que la Nation porte sur elle.
Ely ould El bar














