Le gouvernement sénégalais : Macky Sall est un "chef de gang" et ne peut échapper à la justice

dim, 03/02/2025 - 13:29

Le porte-parole du gouvernement sénégalais, Mouhamadou Moustapha Ndiaye Sarr, a déclaré que l'ancien président sénégalais Macky Sall "ne peut échapper à la justice", ajoutant qu'il est "en quelque sorte un chef de gang".

Le responsable sénégalais, qui occupe également le portefeuille de la formation professionnelle dans le gouvernement actuel, a expliqué lors d'une interview sur une radio privée sénégalaise que "si ce qui a été approuvé par la Cour des comptes est transmis aux autorités judiciaires, il (Macky Sall) devra répondre devant les tribunaux".

Le ministre a ajouté que Macky Sall, qui a dirigé le Sénégal pendant deux mandats présidentiels de 2012 à 2024, "s'il pense qu'il n'a rien fait, il doit revenir et assurer sa défense devant le tribunal".

Le ministre a estimé que les Sénégalais "avaient confiance" en l'ancien président pour améliorer leurs conditions de vie, "mais il a commis ces actes et caché la vérité".

Le gouvernement sénégalais avait précédemment annoncé, en février, d'éventuelles actions en justice contre ceux qu'il a qualifiés d'auteurs de "graves échecs" révélés par la Cour des comptes dans un rapport qui "annule" les chiffres officiels annoncés par le régime de l'ancien président Macky Sall, notamment en ce qui concerne l'endettement et le déficit budgétaire.

Le ministre sénégalais de la Justice, Ousmane Diagne, a déclaré que le rapport révélait de "graves irrégularités pouvant avoir un caractère pénal", notamment "la falsification, le détournement de fonds publics, le blanchiment d'argent et l'enrichissement illicite".

En réponse, Macky Sall a estimé dans une interview accordée au magazine français "Jeune Afrique" qu'il ne craignait aucune action en justice potentielle, considérant que ce qui se passait était une "opération politique".

Macky Sall a nié dans l'interview, publiée jeudi, les accusations portées contre lui concernant la "falsification" des chiffres de la dette de l'État et du déficit budgétaire, soulignant que son régime avait toujours travaillé en "toute transparence avec tous les partenaires et que chaque année, la Cour des comptes approuvait les comptes financiers de l'État. Il est très facile de revenir ensuite et de dire que tout cela était faux. C'est ridicule".

Un rapport de la Cour des comptes sénégalaise, publié récemment et couvrant la période de 2019 au 31 mars 2024, a révélé que la dette publique du Sénégal "représente 99,67 % du produit intérieur brut", un pourcentage supérieur à ce qui avait été annoncé par le régime de Macky Sall.

Le rapport a également souligné "l'existence d'une importante dette bancaire contractée hors budget" et "non mentionnée dans les comptes de l'État".

Selon le rapport, qui a suscité une large controverse, le déficit budgétaire pour l'année 2023 a atteint "12,3 % contre 4,9 %" annoncés par l'ancien régime.

La publication du rapport intervient après que le Premier ministre Ousmane Sonko a accusé le régime du président Sall, fin septembre, de "falsification des chiffres des finances publiques", s'engageant à enquêter sur la question. L'ancien président avait alors nié ces accusations.

Le parti "Alliance pour la République", qui a gouverné pendant tout le mandat de Macky Sall, a rejeté ce qu'il a qualifié d'"accusations graves" contenues dans le récent rapport de la Cour des comptes, dénonçant un "complot politique".