
Ces jours-ci, la famille des assurances de notre pays enregistre une démarche officielle du gouvernement, à travers laquelle ce dernier cherche à améliorer l'organisation de la scène sur notre marché des assurances, et à travailler, heureusement, pour contrôler la vente des polices d'assurance ; notamment celle obligatoire, de la responsabilité civile des propriétaires de véhicules automobiles
Tout le monde a également noté, avec une grande satisfaction les efforts de l’Etat pour contrôler le processus de souscription des contrats d’assurance, en reliant les compagnies d’assurance à une plateforme située à la Direction du Contrôle des Assurances, affiliée désormais à la Banque Centrale. Cela renforce la certitude quant à la taille réelle et à la valeur financière des contrats d’assurance souscrits. Le résultat de cette mesure est d’une grande importance : il permet à l’État de contrôler la taxe sur les primes d’assurance, et de la percevoir de manière plus transparente et plus simple.
Tous ces efforts ne peuvent qu’être grandement salués, d’abord par les acteurs et les spécialistes du secteur, puis par les citoyens en général. Tous les efforts déployés pour réguler ce secteur vital, qui constitue l’un des piliers de l’économie des pays modernes et est indispensable au processus de développement économique global, auront, à ne pas en douter, un impact positif sur le secteur dans son ensemble.
Il est connu que l’assurance joue un rôle de stimulateur à l’investissement, de collecteur d’épargne, en sus de la préservation des biens et des vies.
Il était donc nécessaire d’éclairer l’opinion publique nationale d’une part, et de souligner, d’autre part, les attentes des spécialistes, des intéressées, et des chercheurs.
Quant à l'opinion publique, il est utile que le citoyen sache que toutes les compagnies d'assurances opérant dans notre pays, ne peuvent plus avoir plus de neuf (09) agences dans la capitale, Nouakchott, et une agence dans chaque région, à l’intérieur du pays. Ceci tout en maintenant les bureaux des compagnies d’assurance situés aux points de nos frontières internationales. Il s’agit là d’un important contrôle effectué sur la prolifération chaotique des ‘’boutiques’’ d’assurance dont la capitale, Nouakchott, regorgeait depuis quelque temps.
Et afin de contribuer, tant soit peu, à la diffusion de la culture de l'assurance, disons que le citoyen qui souscrit une assurance obligatoire pour sa voiture doit savoir que l'assurance est un contrat important, qui implique de sérieuses obligations de la part des deux parties. Cette nouvelle organisation, qui stipule que chaque société opérant dans le domaine de l'assurance, ne doit pas avoir plus de neuf agences à Nouakchott, jouera un rôle important dans la réduction du chaos de l'offre. Et avec la diversité des méthodes de livraison, et le développement des méthoudes de communication numérique de nos jours, il n’y aura certainement plus de problèmes majeurs pour que le client reçoive ses documents d’assurance en temps voulu.
Ainsi, c’est en économisant toutes les dépenses sur ces ‘’boutiques’’ auparavant chaotiques et dispersées, que les compagnies d’assurance pourront se concentrer davantage sur la solidification de leur situation financière, en investissant les primes d’assurance en de bons placements ; mais surtout, en veillant à payer les dommages matériels et corporels, en cas d’accidents de la circulation. C’est le rôle le plus important qu’elles sont sensées jouer, qu’elles doivent s’engager à honorer, et remplir ; de manière équitable, sans hésitation, ni rendez-vous multiples, ni lenteur !
Du côté des spécialistes, le marché d’assurance dans notre pays a nécessairement besoin d’améliorer ses performances, de s’organiser, de se développer et de se moderniser toujours plus. On ne peut atteindre de tels objectifs, que par la conjugaison des efforts de l’État et des compagnies d’assurance.
Il convient donc de noter que la tutelle, après avoir consenti ces derniers efforts, sans doute très importants, est appelée, plus que jamais, à entreprendre les réformes les plus urgentes, qui, comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises, ne peuvent plus être retardées.
Il convient de noter, à cet égard, que le marché d’assurance dans notre pays, qui est l’un des marchés africains de tradition « française » en matière d’assurance, ne verra pas la scène complète, à travers la présence des principaux acteurs, de manière juste et contrôlée, techniquement et juridiquement, un peu à l’instar de ce que l'on retrouve en France ; que si nous travaillons à établir une distinction nette, techniquement et juridiquement, entre tous les acteurs officiellement agréés par l’État ; comme c’est le cas d’ailleurs sur des marchés d’assurance similaires au nôtre. Ces acteurs principaux, sont nommément les suivants :
1-Les compagnies d’assurance, dont le travail doit être axé sur la bonne mutualisation des risques, à travers une gestion responsable et techniquement équilibrée de ce qu’elles souscrivent, en s’appuyant sur la réassurance, la coassurance et la création de ‘’pôles d’assurance’’ dans lesquels sont mutualisés, entre compagnies d’assurance, les risques les plus sensibles des différentes branches. Tout ceci, afin d'atteindre l'objectif fondamental de l’assurance en tant que tel, à savoir la capacité de ces sociétés d'assurance à remplir leurs engagements envers l'assuré, lorsque le risque, objet du contrat, se réalise.
En effet, il n’est plus acceptable que tous les efforts des compagnies d’assurance soient concentrés sur la collecte des primes, et que celles-ci soient entièrement préoccupées par le processus de ‘’souscription’’ ; lequel, dans une large mesure, peut être confiée à des ‘’courtiers’’. Là où les ‘’courtiers’’ ont plus de temps pour expliquer les avantages, l’importance et la nécessité de l’assurance aux assurés ; écouter davantage leurs désirs, leurs aspirations, leurs espoirs et leurs attentes ; les compagnies d’assurances, elles s’occupent de la bonne gestion des risques, de la réassurance, de la coassurance, de la fabrication de nouveaux produits, innovants et efficaces. Les courtiers ont certes plus de temps pour expliquer à chaque assuré, quel est le produit d'assurance le plus adapté à son cas, afin de bien vendre les produits d’assurance. Quand la compagnie d'assurance se consacre à la bonne gestion des risques, et que l'intermédiaire, qu'il soit agent général ou courtier ; se consacre à la commercialisation et à la vente du produit d'assurance, il en résulte une rationalisation des efforts et un gain de temps certain. C’est d’ailleurs la répartition adéquate des tâches assignées à chacune de ces deux parties.
2-L’Agent général, qui est un spécialiste en assurance, est celui qui exerce une activité de commerçant indépendant, et qui commercialise des produits d’assurance pour le compte d’une société d’assurance donnée, dans les branches pour lesquelles cette compagnie est agréée ; en vertu d’un contrat signé entre lui et cette compagnie, et des garanties financières qu’il lui verse. L’Agent général dispose de comptes réguliers auprès de la compagnie d’assurance avec laquelle il travaille, et pour laquelle il commercialise les produits.
Concernant ce point précis, il serait bon que l’on puisse relever le niveau de ces agences, qui sont actuellement limitées, pour la ville de Nouakchott, à neuf pour chaque société. Il serait bon qu’on puisse les élever au niveau ‘’d’Agents généraux’’, afin que de nouvelles opportunités soient ouvertes aux jeunes mauritaniens désireux d’exercer ce métier. Et pour que, comme nous l’avons mentionné plus haut, les compagnies d’assurance de notre pays puissent concentrer leurs efforts sur l’opération d’assurance pure, à travers une bonne gestion des risques, l’encouragement et le développement de l’épargne, et la contribution à l’économie nationale ; en achetant, par exemple, un pourcentage déterminé, avec un seuil minimum fixé par l’Etat, des « bons » du trésor public. Mais aussi, en diversifiant les produits qui répondent réellement aux besoins du citoyen mauritanien, et qui seraient plus compatibles avec ses principes, ses valeurs, ses idéaux et ses croyances.
3-Les « courtiers » ou « intermédiaires » d’assurance, dont chacun est un commerçant, travaillant pour son propre compte ; et à ce titre, comme ‘’l’Agent général’’, est tenu à déposer une garantie financière auprès de l’État. Contrairement à l'agent général, le courtier commercialise des produits d'assurance pour toutes, ou certaines compagnies d'assurance ; dans les branches pour lesquelles ces compagnies sont agréées, et/ou spécialisées. Contrairement à ‘’l’Agent général’’, qui représente la compagnie d’assurance, le courtier ou « broker » dans le secteur des assurances, représente le client, défend ses intérêts et tient à choisir la compagnie qui offre à son client la plus grande couverture de garanties, au prix le plus bas. Le courtier montre au client les prix des différentes compagnies qui vendent le produit d’assurance que celui-ci souhaite souscrire, lui laissant ainsi la liberté de choisir son assureur. La mission de cette catégorie, ou acteurs, en assurance- qui sont du reste, des sociétés commerciales à part entière ; se limite en quelque sorte, à éduquer les citoyens, et à leur fournir des informations de base sur l’assurance, ses principes et les fondements sur lesquels elle repose. Les courtiers contribuent à divulguer la culture assurantielle parmi les citoyens, en les intéressant à l’assurance, et en leur expliquant, en détail, les caractéristiques de chaque branche, ses principes techniques et juridiques ; afin que le désir de s’assurer augmente chez tous les citoyens. Ce qui facilitera sans doute la commercialisation des produits d'assurance proposés à la vente par les compagnies d'assurance, par l'intermédiaire de ces sociétés de courtage.
Je note, au passage que, personnellement, je n'aime plus ce nom ‘’courtier’’, en raison des connotations d'exploitation, de fraude et de tromperie qui lui sont désormais associées, malheureusement, dans notre pays. Ma préférence va plutôt pour l’utilisation du mot ‘’intermédiaire’’, même si je sais que cette dernière appellation regroupe, en son sein, d’autres acteurs, comme les commissaires aux avaries, les liquidateurs de sinistres, les spécialistes en règlement à l’amiable, et bien d’autres.
Pour conclure, et en ce qui concerne les bureaux de courtage d'assurances, en tant que maillon indispensable du marché ; et pour tout ce que nous venons de mentionner là-haut, il est urgent de réévaluer ce qui existe ; en ouvrant le champ devant ceux qui sont à même de pratiquer le métier de courtage ; recenser les courtiers agréés de notre pays, les assister de la part de l'État, jusqu'à ce qu'ils atteignent le niveau technique requis et le niveau financier approprié. Ce qui leur permettra de jouer le rôle qui leur est assigné ; tout en fermant complètement la porte aux ‘’courtiers de rue’’ ou ‘’courtiers de sacs-à-main’’ ; ces intrus, connus pour être des purs ‘’ Tey’vaye’’. Ceux-là qui nuisent réellement à la profession, sèment le chaos dans le secteur, empêchent tout progrès, ternissent l’image du secteur, et entravent grandement son développement sain.
Mohamed Yeslem Yarba Beihatt
Nouakchott le 24/02/2025
Consultant en assurance et chercheur dans le domaine de l'assurance islamique.
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