BILLET HEBDO : Pour une méritocratie salutaire

sam, 01/25/2025 - 21:32

La méritocratie comme style de gestion du personnel de l’Etat ou des entreprises consiste à attribuer les responsabilités et les promotions en fonction des compétences et du mérite, plutôt qu'en fonction de critères subjectifs comme les relations personnelles ou l'origine sociale.

     Son instauration dans l’Administration publique et au sein des entreprises est un enjeu essentiel pour garantir l’efficacité, la transparence et la légitimité de ces institutions, et de ce fait requiert une volonté politique forte, avec un rôle crucial du Président de la République pour l’initier et soutenir le processus de sa mise en œuvre.

1. Le rôle du président de la République dans l'instauration de la méritocratie

      Le président de la République, en tant que chef de l'État, est une figure centrale dans la promotion de la méritocratie. Il incarne l’autorité et le leadership nécessaires pour impulser un changement en profondeur et mobiliser l’ensemble des acteurs de l’Administration vers cet objectif. Par son discours et ses actions, le président peut établir une vision claire et cohérente de la méritocratie, incitant ainsi les ministères, les services publics et les responsables administratifs à adopter des pratiques plus transparentes et plus équitables dans la gestion des carrières et des nominations.

      Dans ce cadre, le Président peut établir des réformes structurelles pour garantir l’objectivité dans les processus de recrutement, de formation, d’évaluation et de promotion des fonctionnaires. Il peut aussi encourager les autorités compétentes à renforcer les dispositifs de contrôle et à créer des mécanismes de rétroaction permettant de mesurer l'efficacité de l'Administration publique.

2. Les mesures à prendre dans l'Administration publique pour promouvoir la méritocratie :

       Pour instaurer une véritable culture de la méritocratie, plusieurs mesures doivent être prises au sein de l’administration publique :

Le  recrutement basé sur les compétences et la garantie de sélections justes et impartiales des candidats :

       Le recrutement dans la Fonction publique et dans les entreprises et Etablissements publics doit reposer sur des critères objectifs tels que les qualifications professionnelles, l’expérience, les compétences spécifiques et les résultats académiques. Il existe certes une Commission indépendante pour l’organisation des concours de recrutement à la Fonction publique, mais son intervention doit être renforcée de garde-fous pour assurer la transparence et la fiabilité des résultats des concours, pour éviter toute forme de favoritisme.

     Mais dans les entreprises, on a perdu depuis belle lurette le recrutement par concours, ce qui a conduit bon nombre de leurs responsables de recruter, sans scrupule, leurs enfants et proches parents, le plus souvent sans aucune aptitude pour les postes pourvus. 

     Récemment, quelques uns de ces responsables ont été sanctionnés pour ces pratiques ignobles, mais bon nombre d’autres cas restent non sanctionnés, au vu et au su des instances de contrôle. 

La formation continue et le développement des compétences :

        L’Administration publique et les entreprises doivent favoriser la formation continue et le perfectionnement de leurs employés, en leur offrant des opportunités d’acquérir de nouvelles compétences tout au long de leur carrière. Cela permettra non seulement de maintenir un haut niveau de professionnalisme, mais aussi de promouvoir ceux qui font preuve d'une volonté constante d'améliorer leur travail.

      Les systèmes de mentorat et de coaching sont généralement les moyens pour encourager l’acquisition de compétences managériales et techniques des employés.

Évaluations régulières et objectifs clairs :

       Des évaluations régulières et transparentes de la performance des agents publics et des employés des entreprises doivent être instituées. Ces évaluations doivent être basées sur des objectifs clairs et mesurables, liés aux missions et aux résultats concrets de chaque évalué.

       Un système de feedback constructif permettrait à chaque agent de connaître ses points forts et ses axes d’amélioration, tout en assurant que les promotions et les avancements se fassent en fonction des performances réelles.

Lutte contre la corruption et le népotisme :

       Pour que la méritocratie devienne une réalité, il est essentiel de lutter efficacement contre la corruption, le népotisme et les pratiques clientélistes. Cela implique la mise en place de mécanismes de contrôle interne, d’audits réguliers et la promotion d’une culture de transparence et de responsabilité à tous les niveaux de l’administration.

Rendre les processus de promotion plus transparents :

      Aux premières années de l’indépendance, les statuts des fonctionnaires et employés des entreprises intégraient des critères de promotion objectifs et facilement accessibles à tous les fonctionnaires. Etant aujourd’hui en perte d’application, l’Administration et les entreprises doivent mettre en place des processus clairs et transparents et actualisés pour la promotion des employés, afin d’éviter toute forme d’arbitraire ou de favoritisme. De plus, il serait pertinent de créer des instances indépendantes capables d’auditer ces processus et de garantir leur impartialité.

          MOHAMED OULD SNIH