La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ? Deux exemples parmi tant d’autres mettent en tout cas le nôtre au pied du mur. En un, le projet Aftout ech-Chargui, mené d’une « main de maître » (ès tripatouillage) par un groupement de sociétés et dont une ONG nationale a dénoncé la calamiteuse mise en œuvre ; en deux, la réhabilitation du principal quai du port de Nouadhibou, qui serait loin d’être aux normes et dont un journaliste a fait éclater le scandale. De quoi déjà prouver à l’opinion publique qu’il est encore tôt pour crier victoire. Pour ces deux affaires révélées au grand jour, combien d’autres ont été mises sous le boisseau, leurs auteurs protégés ou sommés de payer des montants symboliques… avant d’être réhabilités ?
Il y a urgence en la matière. Nos maigres ressources, dont on a tant besoin au vu de nos incommensurables nécessités, sont en train d’être dilapidées au vu et au su de tous. Et ne demandez surtout pas par qui ni comment : c’est un secret de Polichinelle… Posez-vous plutôt la question du comment y mettre fin. Là se situe le vrai challenge pour le nouveau gouvernement. Sauf s’il finit par se persuader, à l’instar de ceux qui l’ont précédé, que la mission est impossible et baisse les bras. Le mal est en effet tellement enraciné et ses techniques à ce point développées qu’il en est devenu un rouleau compresseur qui broie tout sur son passage. Il faut donc se préoccuper de ses racines. Et où se situent-elles, à votre avis ? Sinon dans notre comportement trop généralisé à ne voir, dans le travail, qu’une source de profit pécuniaire et donc à ignorer, pour ne pas dire mépriser, tout ce qu’il peut générer d’accomplissement personnel… Seul le bien fait engendre le bienfait… et peut ainsi réparer le méfait ? Chiche, Mauritaniens !
Ahmed Ould Cheikh
Le Calame