Sous l’impulsion du Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, un programme d’urgence doté de 50 milliards d’anciennes ouguiyas a été lancé pour financer le développement et la modernisation de Nouakchott.
Ce projet, qui associe les autorités locales et les élus dans une approche participative, est censé améliorer les conditions de vie des citoyens, en particulier des habitants de la capitale. Mais ce programme, bien qu’ambitieux en termes d’investissement, laisse entrevoir des limites notables dans sa vision d’avenir pour Nouakchott.
Le programme d’urgence comprend plusieurs volets essentiels, allant de l’autonomisation des jeunes et du service civique avec la réhabilitation des infrastructures sportives, jusqu’à la propreté et la gestion des déchets. Les principales actions incluent :
– Santé : rénovation, réhabilitation et extension des installations existantes, avec de nouvelles infrastructures en projet ;
– Éducation : modernisation des établissements scolaires et construction d’écoles ;
– Électricité : amélioration de l’accès à l’électricité par l’extension des réseaux et des points de commutation ;
– Eau potable : renforcement des réseaux de distribution et du pompage dans les quartiers ciblés ;
– Assainissement, propreté et gestion des déchets : des initiatives essentielles mais classiques pour une capitale en pleine croissance ;
– Infrastructures routières : extension du réseau asphalté et désenclavement de certains quartiers.
Si ces mesures répondent à des besoins réels de la population, elles s’inscrivent principalement dans une logique d’urgence et de réponse aux problématiques de base, sans intégrer une vision urbanistique novatrice ou des projets structurants qui feraient de Nouakchott une ville moderne et attractive.
La capitale aurait pu saisir cette opportunité pour répondre aux défis d’une ville moderne. L’absence d’un réseau de transport en commun structuré, comme un projet de tramway, témoigne du manque d’ambition en matière de mobilité.
La congestion urbaine et les problèmes de circulation pourraient être abordés par des solutions de transport public durable et innovant, mais aucune mesure de ce type n’est évoquée dans le programme.
De même, l’aménagement des espaces publics et des lieux de loisirs est largement sous-estimé. La corniche, un atout naturel unique de Nouakchott, pourrait bénéficier de projets de parcs, de jardins, et de sentiers piétonniers qui en feraient un lieu de détente et de promenade pour les habitants.
Actuellement, les espaces verts et les allées piétonnes sont quasi-inexistants, et aucune initiative ne semble envisager la création de ces aménagements qui favoriseraient un cadre de vie décent.
Le président a insisté sur une approche participative, impliquant les autorités locales et les élus pour formuler le concept final du programme. Cependant, cette participation semble se limiter à la réalisation d’actions d’urgence sans plan global pour transformer la capitale de manière durable. Ce manque de vision long-terme est particulièrement regrettable dans le contexte d’un investissement aussi conséquent.
Le programme d’urgence pour Nouakchott est sans aucun doute un pas important vers l’amélioration des conditions de vie de ses habitants, avec des projets ciblant des besoins immédiats. Toutefois, en l’absence de projets structurants comme un réseau de transport en commun, des espaces de loisirs, ou des infrastructures favorisant une mobilité douce, la ville risque de rester à la traîne en termes de modernité et d’attractivité.
Si les autorités souhaitent réellement faire de Nouakchott une capitale moderne, il est urgent d’élargir cette vision pour inclure des éléments de transformation urbaine qui amélioreront durablement le cadre de vie et favoriseront l’épanouissement de ses habitants.
Le Quotidien de Nouakchott