
Voilà l’amère réalité du secteur agricole que le président Mohamed Abdel Aziz compte évaluer au cours de sa présente visite à R’Kiz. Des données relevées dans la longue lettre que lui a adressée l’avocat Me Mohamed Salem Ould Bouhoubeïny, pur ressortissant du Trarza.
- Des 300.000 hectares aménageables que possède la Mauritanie, à peine 40.000 hectares ont été aménagés jusque-là. Sur les 140 milliards d’UM injectés depuis 2009 dans le secteur agricole, environ 15 milliards seulement ont été utilisés, le reste a été dilapidé. Ce secteur aurait pourtant pu satisfaire la consommation nationale si les responsables du département avaient réellement travaillé pour son développement.
-
- A ce propos, le projet Bagamoun, relevant de la commune de Tékane dans le département de R’Kiz qui a coûté environ 2 milliards d’UM n’a eu aucune retombée et personne n’en a bénéficié. Le projet est mort de sa belle mort.
-
- Les projets d’aménagements de Enkek et de Teneider ont été confiés à une société étrangère qui se rendra compte finalement qu’ils ne sont pas viables pour l’agriculture, après un important investissement de l’ordre de 6 milliards d’ouguiyas.
-
- Où est passé le projet d’intégration des 185 diplômés-chômeurs dans la plaine de MPourié à qui l’Etat avait rétrocédé des terres appartenant à d’autres particuliers ? Ces diplômés-chômeurs qui exploitaient chacun 10 hectares, ont été laissés sans encadrement et sans l’appui de la Caisse de dépôt et de développement (CDD) parce qu’ils ne sont pas propriétaires. Incapables de mettre en valeur ces hectares ni de faire face aux ennemis des cultures (oiseaux granivores, insectes…), ils ont fini par abandonner. Que dira aujourd’hui le président Mohamed Abdel Aziz à ces diplômés-chômeurs ainsi qu’aux populations riveraines face à l’échec d’une telle expérience ?
-
Voulant toutefois remédier à cette situation, le président Aziz avait lancé le projet «Lemçaid » dans l’Aftout Essahili pour mettre en valeur des terres agricoles qui appartiendraient enfin à ces diplômés-chômeurs. A hauteur de 9 milliards d’UM, 17.000 hectares devaient être aménagés pour les besoins de la cause. Le projet sera par la suite reconduit trois fois, avec davantage de fonds injectés. Mais 5 ans après, que reste-t-il de ce projet ? Personne n’en a bénéficié à ce jour, malgré la propagande médiatique qui avait accompagné sa naissance et malgré des milliards d’ouguiyas d’investissement.
- Les paysans du Trarza sont également confrontés aux problèmes de moisson qui requièrent des moyens matériels qu’ils ne possèdent pas et que l’Etat ne leur fournit pas. Ils se rabattent alors sur le voisin du Sénégal qui les leur fournit parfois et le leur refuse d’autres fois. Pourtant, l’Institut supérieur d’études techniques (ISET) de Rosso possède dans son parc, 35 moissonneuses qu’il vend à des prix exorbitants hors de portée des paysans locaux. Quelle réponse le président Mohamed Abdel Aziz donnera-t-il à ces paysans pour résoudre leurs problèmes ?
- Tout le monde sait que les engrais et les semences sont au cœur du développement agricole. Pourtant, l’Etat mauritanien n’a créé aucune structure publique pour s’occuper de cet aspect, ne serait-ce que pour vérifier la qualité de l’engrais et des semences.
Voilà quelques-uns des problèmes cruciaux auxquels est confrontée la paysannerie au niveau du Trarza, des priorités plus importantes à ses yeux que la révision constitutionnelle.
-
Cheikh Aidara - facebook