Qu’il fut difficile, l’accouchement du nouveau gouvernement ! Après la désignation, à la surprise générale, du très controversé Mokhtar ould Djay, personnage clivant s’il en est, à la Primature, les observateurs s’attendaient à ce que la formation de la nouvelle équipe ne soit pas une partie de plaisir. Et il en fut ainsi. Il a en effet fallu plus de soixante-douze heures de tractations pour que les noms des ministres soient rendus publics. À trois heures du matin, svp ! Comme s’il y avait urgence à les publier avant que la liste ne soit denouveau modifiée, comme elle le fut à plusieurs reprises au cours des derniers jours. Ould Djay voulant marquer son territoire. Il a fallu lui montrer, ministres entrants et sortants à l’appui, qu’il ne serait pas le seul maître à bord et que les pouvoirs de celui qui n’est que le primus inter pares ne sont pas aussi étendus qu’il le croit. S’il a pu placer des hommes à lui – ou qui lui sont fidèles, du moins en apparence… – il n’a eu aucune emprise sur des secteurs de la plus haute importance. L’Intérieur, les Affaires étrangères, la Défense et la Justice restent l’apanage du président de la République. Résultat des courses, une équipe qui manque totalement d’homogénéité et qui ne manquera pas de se tirer dans les pattes à la moindre occasion ; parfois même avant qu’elle ne se présente. Ould Djay réussira-t-il à aplanir ces divergences et à faire parler les ministres d’une même voix ? Tel monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, le nouveau PM serait-il un adepte de Machiavel pour qui la fin justifie les moyens ? On n’oubliera pas ici que, fin de règne oblige, les perspectives de 2029 ne sont pas celles de 2024 : si gouverner, c’est prévoir, ceci explique très probablement cela…
Ahmed ould Cheikh
Le Calame ni