Une nouvelle initiative politique "avant qu’il ne soit trop tard"

mer, 02/07/2024 - 12:27

Plusieurs personnalités ont publié un appel intitulé "Avant qu’il ne soit trop tard" préconisant le lancement d’une nouvelle initiative, le "Mouvement de la Majorité Silencieuse", qui propose des réformes radicales et une rupture avec le mode de gouvernance hérité du passé, dans le contexte des prochaines élections présidentielles et au-delà. Cette initiative, qui se veut inclusive, appelle à renouveler l’offre politique loin des logiques clientélistes et du discours populiste.
A l’origine de cette initiative, se trouvent des figures nationales, qui sont restées à l’écart des régimes ayant dirigé le pays au cours des dernières décennies. Parmi elles, se trouvent des personnalités de la société civile, des journalistes, des experts, des élus, et des employés. Parmi les signataires figurent Mohamed El Mounir, Abderrahman El Yessa, fonctionnaires internationaux, Me Fatimata Mbaye, le député Yahya Lord, le journaliste Sneiba El Kory et Ahmed Ould Haroun Ould Cheikh Sidiya.

L’initiative se présente comme un cadre de réflexion et d’action pour construire une vision pour un avenir alternatif, mais n’exclut pas d’évoluer, ultérieurement, vers une forme différente. Elle se propose de mobiliser les Mauritaniens convaincus de l'impératif de renouveler le contrat social et de construire un État fondé sur le service du citoyen et la redevabilité. Les initiateurs appellent tous ceux qui croient à la nécessité de réformer l'État pour sortir le pays de la pauvreté et de l'exclusion et le remettre sur la voie de la croissance et de la prospérité, à agir avant qu'il ne soit trop tard et à les rejoindre pour formuler une vision alternative pour l'avenir du pays.

 

Absence de vision et de programme cohérent

Les signataires critiquent l’échec d’un régime qui chercherait avant tout à rassurer les notables et les élites corrompues et ne semble pas en mesure d’engager la rupture dont la Mauritanie a besoin pour réaliser ses objectifs de développement. Ils considèrent que cela résulte de l’absence de vision et de programme cohérent, ainsi que de l’immobilisme d’un gouvernement dont l’ambition se limite à expédier les affaires courantes.
Ils estiment que le régime n’a pas su profiter de l’a priori favorable qu’il avait soulevé, en 2019, dans la mesure où, en dehors de quelques réalisations symboliques, les gouvernements successifs se sont révélés incapables de conduire des projets structurants pour sortir le pays de l’impasse. Les initiateurs expriment leur crainte par rapport aux conséquences potentielles des injustices et des frustrations accumulées. Ils soulignent que de nombreux citoyens ne croient plus à la possibilité de réaliser un changement pacifique par les urnes et que de larges franges de la société, en particulier les jeunes, commencent à sombrer dans le nihilisme ou les mirages de l’émigration, faute de perspectives.
Ils soulignent le décalage entre l’augmentation continue du revenu national et les perspectives prometteuses de la rente gazière, l’incidence visible de la pauvreté et la faiblesse des indicateurs de développement, des infrastructures et des services, même au niveau de la capitale. Ils estiment qu’une telle distorsion résulte de l’impact de la corruption, de l'absence d'une vision à long terme, et du déficit d’ambition des régimes successifs.

 

Redistribution clientéliste des prébendes

Rejetant la justification d’un tel échec par des facteurs extérieurs, tels que les effets du Covid-19 et la guerre en Ukraine, ils considèrent que le problème résiderait plutôt dans le maintien d’un système de gouvernance basé sur la redistribution clientéliste des prébendes et le recyclage des élites corrompues.
Pour sortir de cette impasse, ils appellent à créer une dynamique de réforme capable de ressusciter l'espoir, d'autant. Ce projet devrait reposer sur une vision de développement ambitieuse pour faire face aux défis et tirer parti des opportunités, promouvoir la citoyenneté et la répartition équitable des richesses nationales, à l’ombre d’un État de droit. Ceci passe, aux yeux des signataires, par la reconstruction du contrat social grâce à la participation de tous, sur la base des principes d’équité, de responsabilité et de redevabilité.
Le projet se propose d’unifier les aspirations des laissés pour compte et de promouvoir la justice sociale, en luttant contre l’exclusion et les discriminations et en apportant une solution durable aux contentieux qui minent l’unité nationale. Ils en appellent, également, à revoir les priorités budgétaires à travers la mise en place de programmes ciblés en faveur des groupes défavorisés. Les initiateurs soulignent également l’impératif d’accorder la priorité à la réforme du système éducatif, à la promotion de la jeunesse, et la participation accrue des femmes au processus de développement.
A cet effet, ils en appellent à fédérer les efforts des réformateurs, quel que soit leur camp politique, et au-delà des logiques identitaires, en vue de constituer une masse critique capable d’impulser le changement dont le pays a besoin autour d’une plateforme inclusive, plaçant l’intérêt public au-dessus de toute considération. Enfin, ils annoncent le lancement prochain d’une plateforme électronique pour encourager l’adhésion des Mauritaniens qui se reconnaissent dans cette démarche et les associer à la formulation d’un projet alternatif.

 

Ben Abdalla

 

Le Calame