Ukraine: Kiev dit progresser lentement, deux généraux ukrainiens tués selon Moscou

ven, 06/30/2023 - 13:43

L'Ukraine a affirmé ce jeudi 29 juin progresser lentement dans l'Est, après bientôt un mois de contre-offensive. La Russie affirme de son côté avoir tué deux généraux ukrainiens, dans une frappe sur la ville de Kramatorsk, près du front.

 « Nous avançons près de Bakhmout et ça continue », a déclaré sur Telegram le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky. Depuis plusieurs semaines, l'armée ukrainienne est à l'attaque sur les flancs de Bakhmout, épicentre des combats dans le Donbass, progressant petit à petit, tandis que les Russes gardent pour le moment le contrôle de la ville, qu'elle a conquise en mai.

« Nos troupes rongent chaque mètre de terrain de l'ennemi dans ce qui est une bataille féroce. Elles progressent », a indiqué la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, malgré les efforts des troupes de Moscou qui « s'accrochent de toutes leurs forces ».

L'Ukraine, équipée par les Occidentaux, a revendiqué la reprise d'une dizaine de localités depuis le début de sa contre-offensive début juin. Mais le pays fait face à des défenses russes préparées pendant des mois, avec tranchées et champs de mines.

«Deux généraux, jusqu'à 50 officiers des forces ukrainiennes» tués à Kramatorsk, dit la Russie

De son côté, la Russie a affirmé avoir tué deux généraux ukrainiens dans une frappe récente sur Kramatorsk, à 50 kilomètres du front, deux jours après un bombardement sanglant sur un restaurant de cette ville, qui a fait douze morts et 65 blessés, selon les autorités ukrainiennes.

 « À la suite d'une frappe de haute précision (...) deux généraux, jusqu'à 50 officiers des forces ukrainiennes et jusqu'à 20 mercenaires et instructeurs militaires étrangers ayant participé à une réunion (...) ont été éliminés », a indiqué le ministère russe de la Défense, dans un communiqué.

Le ministère russe n'a cependant pas précisé s'il s'agissait du même incident, alors que les autorités ukrainiennes avaient évoqué la présence « principalement de civils » dans le restaurant visé mardi à Kramatorsk. Jeudi, le parquet ukrainien a annoncé l'arrestation d'un « agent ennemi » soupçonné d'avoir fourni des informations aux services de renseignement russes avant le bombardement.

« Un Poutine affaibli représente un plus grand danger », dit Borrell

Tandis que les combats se poursuivent, en Russie, les autorités s'efforcent, elles, de montrer un retour à la normale, quelques jours après la rébellion avortée du groupe paramilitaire Wagner qui a fait trembler le pouvoir de Vladimir Poutine. Mercredi soir, le président russe est ainsi apparu allant à la rencontre de dizaines de personnes lors d'un déplacement dans le Caucase russe (sud), acceptant de se faire prendre en photo et distribuant des poignées de main. Le Kremlin y a vu « une incroyable démonstration de soutien » des Russes, alors que Vladimir Poutine n'apparaît plus que très rarement dans des rassemblements populaires.

Si des analystes et responsables occidentaux ont dit voir l'issue du soulèvement spectaculaire de Wagner – sans sanctions apparentes pour les mutins – comme un signe de faiblesse, Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a lui estimé jeudi qu'« un Poutine affaibli représent(ait) un plus grand danger ».

On dirait que Poutine n’est plus le seul maître à bord. Il a perdu le monopole de la force. Or une Russie instable représente un risque. Jusqu’ici, nous considérions la Russie comme une menace à cause de sa force, qu’elle a déployée en Ukraine ; à présent nous devons considérer la Russie comme un risque, en raison de son instabilité intérieure. Quoi qu’il se passe en Russie, notre seule réponse, c’est de poursuivre le soutien à l’Ukraine. Et puisque je suis en charge de la Facilité européenne pour la paix, je vais demander aux 27 de continuer à la financer. Et c’est une bonne chose que nous ayons déjà obtenu 3 milliards et demi de plus. Enfin, il s’agit aussi d’engagements de sécurité. Pour moi ça veut dire que le soutien militaire à l’Ukraine est un soutien à très long terme. Pendant la guerre, mais aussi après la guerre, il faut rendre l’Ukraine capable d’assurer sa défense.

Sur le front diplomatique, l'envoyé du pape, Matteo Zuppi, a rencontré jeudi 29 juin à Moscou la commissaire à l'enfance, Maria Lvova-Belova, pourtant visée par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour « déportation illégale » de mineurs ukrainiens. « Nous avons discuté des questions humanitaires liées aux opérations militaires et à la protection des droits des enfants », a assuré Maria Lvova-Belova sur Telegram. Matteo Zuppi doit également échanger avec le patriarche Kirill, chef de l'Église orthodoxe russe et soutien de Vladimir Poutine.

« Le moment est venu », dit Kiev à l'Otan

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L'Ukraine, de son côté, espère toujours recevoir des signaux de la part des Occidentaux pour soutenir son ambition d'intégrer l'Union européenne et l'Otan, après plus de 16 mois d'invasion russe. Sur l'adhésion de Kiev à l'Alliance, « le moment est venu pour de la clarté », a réclamé le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba au secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg, lors d'un entretien téléphonique.

Mercredi, Volodymyr Zelensky avait, lui, demandé des signes « concrets » de la part de l'Otan lors de son sommet annuel prévu mi-juillet à Vilnius. Mais, les alliés cherchent encore une ligne commune sur les garanties de sécurité qu'ils sont prêts à accorder à Kiev avant une éventuelle adhésion. Une problématique également rencontrée par les Vingt-Sept à Bruxelles.

« Le débat sera difficile » dans les prochains mois, a reconnu jeudi 29 juin Charles Michel, le président du Conseil européen, avant l'ouverture d'un sommet dans la capitale belge.

Source : RFI Avec AFP