Mauritanie : Cette Affaire de marches de gré à gré est un coup de massue pour l’idéal de changement

ven, 09/04/2020 - 17:14

Cette affaire de marchés de gré à gré est un coup de massue pour l’idéal de changement. Le nombre de marchés (113), la durée très courte (4 mois) et le montant cumulé (20 milliards), tous ces éléments semblent indiquer un recours largement abusif à cette pratique décriée. Si on peut comprendre l’urgence par rapport au Covid, cette justification n’est pas valable pour le reste.

Le président de la République est appelé à sévir contre les responsables de l’attribution de ces marchés. Il doit savoir que l’opinion exige une rupture immédiate avec la pratique du marché de gré à gré qui, comme on le sait, sert de couverture au conflit d’intérêt et à l’enrichissement sans cause. Le président de la République doit savoir également qu’il est responsable devant le peuple et ne pourra pas dire, demain, que son rôle se limite à définir des orientations générales et laisser le gouvernement gouverner. Nous sommes dans un régime présidentiel et non pas parlementaire. Exceptionnellement, toute dérogation à la prohibition des marchés de gré à gré devrait être autorisée personnellement par le chef de l’Etat pour en limiter l’abus.

Par ailleurs, le parlement est appelé à constituer une commission d’enquête pour en savoir plus sur les justifications et les conditions d’attribution de ces marchés de gré à gré. En attendant, le minimum serait une séance d’audition des ministres concernés par l’attribution de ces marchés devant la commission parlementaire chargée des affaires économique et de la bonne gouvernance. Le parlement doit jouer pleinement son rôle de contrôle de la gestion publique. Ce serait d’ailleurs la meilleure réponse à ceux qui l’accuse aujourd’hui de règlement de comptes.

Si cette affaire de marchés de gré à gré n’est pas suivie de sanctions, elle serait une grosse déception pour beaucoup au sein de l’opinion qui ont cru à un début de changement.

Mohamed El Mounir