Libre expression : Ould Breidleil prosateur ou provocateur ?

jeu, 06/06/2019 - 16:50

L’éloge funèbre d’un ésotérique : même les légendes ont une fin.

Au risque de me tromper,il a la plus belle plume d’expression française de Mauritanie. Personnellement je lui voue un respect sans faille !!!. Sa plume revêt un style où la litote rivalise d’avec l’hyperbole à retenir son souffle et à tendre l’oreille à la cadence des cœurs qui battent parce qu’un « événement capital » s’annonce.

Au point de s’ériger en mage du bulletin météorologique comportemental d’une élite, il séduit en même temps une grande partie du peuple maure,son chauvinisme galvanise à toute fin utile, arrange et dérange également les gouvernants.

C’est selon….Car cet homme au langage allégorique,souvent « incompris » à cause de « ses ailes de géant », ce bédouin à la plume mi-militante mi-envoûtante, est un lanceur d’alerte, une jauge de l’apocalypse, le précurseur tout indiqué de la « sueur et des larmes ».

Surtout pas de joie.Son ascétisme qui frise le solipsisme Brahmanique sans le nîrvana, sorte de « béatitude », rompt franchement avec la ferveur,l’empathie que doit dégager l’idéologue révolutionnaire hargneux, ou tout au moins l’altermondialisme altruiste.

Son calme apparent,sous le couvert de l’habile marionnettiste,naturellement agoraphobe, serait plutôt le produit d’un réalisme empirique du vieux briscard, refusant de céder à l’inexorable inscription funéraire du genre de l’épitaphe.

Cet écrivain « maudit » rappelant le symbolisme d’un Verlaine ou de son pote Rimbaud,derrière ses éternelles lunettes de mal voyant,auquel pourtant rien n’échappe,n’a pas fini de nous surprendre.? Seul le temps,cet impassible ennemi de l’homme peut venir à bout des dinosaures. N’est-il pas le contemporain de tous les régimes(Machallah) depuis Moktar Daddah, Moustapha Salek, Louly, Haidalla, Taya, Ely Mohamed Vall et enfin Aziz (ai-je oublié quelqu’un?)? N’a -t-il pas connu tantôt le sacre de l’olympe,tantôt les supplices des gémonies avec tous ces pouvoirs successifs, quelles que soient leurs orientations politiques.? Dance avec les stars…., dance avec les loups…

La fausse alerte de trop

La dernière intervention du mage,exigeant la victoire du candidat à la présidentielle Sidi Mohamed Ould Boubacar, sous peine d’une « instabilité » permanente dès le 23 Juin, et surtout sa sortie malencontreuse à l’encontre de Mohamed Ould Ghazwani, sonne-t-elle le glas de l’oracle de l’Inchiri ? Oui, il y a lieu de douter désormais de la ténacité doctrinaire mais surtout de la sincérité intellectuelle de ce monument de la littérature, qui prédit à dessein électoraliste une explosion communautaire en Mauritanie, au pire une « instabilité » permanente, au regard des résultats d’une consultation électorale.

Je savais que les idéologues, qu’ils soient baathistes, marxiste-léninistes, maoïstes ou autres sectaires, – sont, à quelques exceptions adeptes de l’unanimisme ou de la pensée unique corollaires de dictature.

Les propos de mon aîné Ould Breidleil ne constituent-ils pas cette fois la fausse alerte de trop,à force de crier au loup? Peut-on épouser un impératif rigoriste de par son tempérament désinvolte,son train de vie casanier, ses apparences monastiques et raisonner par opportunisme hédoniste de surcroît hypothétique?.

Mohamed Yehdhih Ould Breidleil n’est (ou n’était) pas n’importe qui pour moi,car tous les jours j’épie la presse, fouille dans tous les boisseaux en espérant lui trouver une seule phrase à lire.

Cher doyen respectable Ould Breidleil si dans votre for intérieur vous agissez par amour pour la patrie,revisitez alors les programmes de tous les candidats, et vous conviendrez avec moi que votre poulain n’est point le meilleur de la compétition,au regard des sondages,des services rendus à la nation, de la probité, de la courtoisie, du respect de l’autre, de l’amour pour notre chère patrie et la possibilité de la protéger.

En ces moments fatidiques le pays a besoin plutôt de patriotes comme Ghazwani,à même de nous garantir un climat de paix et de sécurité. Depuis une dizaine d’années le déploiement du logiciel sécuritaire dont il est l’un des principaux initiateurs,avec l’interconnexion de nos services d’espionnage et de contre-espionnage nous a épargnés jusqu’à là de l’abomination des kamikazes,de bombes meurtrières, de mines anti-char et anti-personnel posées par les terroristes actuellement même dans d’autres contrées.

Si la Mauritanie est encore épargnée de l’écoulement de sang, c’est parce qu’en amont des hommes suivent et vivent nuit et jour les mouvements des Djihadistes dans l’Azawad malien, le sud algérien,surveillent leurs sympathisants à l’intérieur et à l’extérieur de la Mauritanie, car gouverner c’est aussi prévenir afin de déceler et endiguer la menace.

Il est arrivé souvent que les autorités militaires de Nouakchott apprennent l’éclatement de coups de feu à Bamako bien avant même le pouvoir exécutif malien.Parce que nos services de renseignement font un travail remarquable, et nos unités combattantes à l’avant-garde au plan tactique.

Personne ne peut gagner une guerre d’usure surtout asymétrique sans le renseignement.Faut-il s’inspirer ici des enseignements du grand penseur chinois Sun Tzu qui a écrit, il y a de cela plus de 25 siècles : « apprends à connaître ton ennemi, un ennemi connu est à moitié vaincu » (L’art de la Guerre).

La première des libertés, c’est d’abord la sécurité

Il faut reconnaître que les civils sont peu attentifs voire peu réceptifs « aux choses militaires ». Les présidents civils qu’ils soient du Niger avec Mamadou Youssoufou, du Burkina-Faso de Rock Kaboré ou IBK du Mali, délèguent généralement leur autorité régalienne à leurs chefs d’Etat-Major ou leurs ministres de la défense, comme on le ferait en pays développés.

Or la conscience professionnelle n’est pas la chose la mieux partagée en Afrique. L’évolution de la situation sur le terrain exige des paramètres que les présidents civils des pays du Sahel (Mali, Burkina, Niger) ne cernent pas, d’où l’hécatombe perpétuée par les djihadistes et autres terroristes dans ces territoires. Le manque de professionnalisme des Armées malienne, burkinabè ou nigérienne ne justifie pas à lui seul la perpétuation des massacres et surtout le succès militaire des terroristes.

Si le pouvoir central mauritanien venait de baisser le niveau d’alerte, les terroristes profiteront aussitôt des failles de ce manque de vigilance.Ce qui risque d’arriver en Mauritanie trois mois seulement avec un pouvoir civil peu préparé à la « bagarre ».

Ainsi élire un civil comme président de la Mauritanie en période de tension dans la sous-région, équivaudrait-il à un sabordage. Cet avènement s’accompagnera sans doute d’une baisse de garde, autrement d’un début de réelle instabilité.

Et il sera trop tard d’endiguer le chaos une fois que la 5éme colonne des djihadistes tapie dans l’ombre des années durant,aura repris le flambeau du djihad à l’intérieur du pays. Si le verrou de la Mauritanie saute, le Sénégal va sombrer, après ce sera le tour de la Gambie ainsi de suite…

Les renseignements français le savent et sont conscients qu’il faut des hommes forts à l’allure martiale pour contenir le terrorisme. C’est pourquoi les autorités et la hiérarchie militaire françaises soutiennent Ghazwani.

La France, après Aziz espère trouver en lui l’allié indispensable à leur intervention militaire. Savez-vous que pour la première fois Paris envisage de se désengager du bourbier sahélien. Mais comment? Pour cela la France a besoin de former les militaires des pays du Sahel, encore incapables de contenir la chronique nécrologique qui déferle et terrorise les populations encore vivantes. Et pour combien de temps?.

C’est partant de cette réalité quotidienne sordide que notre doyen Ould Breidleil doit tirer des enseignements. D’ailleurs quel est le citoyen conscient qui ne rêve pas d’une vraie démocratie à la scandinave (Nord de l’Europe)? Mais malheureusement nos Etats centraux sont faibles,d’où la corruption, le détournement des deniers publics, le clientélisme, le favoritisme, le népotisme, l’injustice etc….

Nos concitoyens sont à moitié analphabètes, pauvres, d’où l’achat de conscience,et surtout la persistance du tribalisme et du clanisme : les gens de l’Est votent pour un candidat de l’Est, les gens de la vallée pour un ressortissant de la vallée..ainsi de suite. Pour le moment notre souci primordial, c’est sécuriser les personnes et les biens.

Enfin cher doyen, sachez que la démocratie n’est qu’un petit cheval de Troie, introduit dans les cours africaines afin de perpétuer la mainmise de l’Occident sur ce pauvre continent.Il nous arrive souvent d’imiter les singes de R. Kipling qui croient « être les rois de la forêt puisqu’ils le disent eux-mêmes ».

Nous ne sommes pas maîtres de notre destin et vous aurez constaté que Paris a beaucoup plus d’autorité sur les pouvoirs civils africains que militaires, plus rigides, plus patriotes. Essayons d’éviter la naïveté des primates de l’écrivain britannique et surtout le syndrome burkinabè qui a consisté à remuer ciel et terre pour élire un président civil alors incapable d’autorité sur ses officiers,faisant sombrer ainsi son pays dans l’irréparable.

J’espère que le doyen Mohamed Yehdhih Ould Breidbleil méditera la situation chaotique de la sous-région sahélienne et saura admettre qu’à chaque instant fatidique de l’Histoire d’un pays,doit correspondre l’avènement d’un homme providentiel.

Cet homme du destin pour les cinq années prochaines inchallah, c’est Mohamed Ould Ghazwani. Vous semblez douter aussi de son émancipation à l’égard de son alter ego, le président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz. Je vous dirai tout simplement que si Ghazwani, en position subalterne a su gérer son ami de 40 ans, il saura l’amadouer, le contenir cette fois en premier magistrat, avec les égards dignes de leurs rangs./.

Avec tous mes respects doyen.

Ely Ould Krombelé, France

Cridem