Reportagephotos-Les industries extractives en Mauritanie : les journalistes jouent-ils leur rôle ?

jeu, 06/08/2023 - 15:13

La Mauritanie se prépare  à l’exploitation du Champ gazier Grand-Tortue Ahmeyim (GTA), pendant ce temps, la production minière se poursuit dans le pays, avec l’orpaillage pratiqué de façon formel ou  informel. S’y ajoutent l’exploitation des autres ressources dont regorge le pays : le poisson et le cuivre etc.

Dans ce contexte de surabondance d’activités économiques minières notamment, il urge de se demander si le pays est véritablement   préparé à supporter les impacts générés dans une optique  de développement durable et du bien-être de des citoyens.

La présence de grande sociétés étrangères ou multinationales telles que Total, Kosmos Énergie,King Ross / Tasiast, MCM, BP entre autres doit interpeler tous les acteurs qui contribuent aux transformations sociales, participent à l’édification d’une société épanouie et qui veillent à l’application et au respect des règles de transparence et d’équité. 

Ainsi pour plaider en faveur d’une plus grande surveillance inclusive des industries extractives, il est nécessaire de former et d’outiller les journalistes pour une meilleure appropriation des aspects liés à l’exploitation des industries extractives, ses enjeux et ses défis.

En effet, il s’agit  d’un secteur très peu traité dans les productions journalistiques Mauritaniennes. S’il existe des organisations de la société civile performantes et très engagées dans des initiatives citoyennes pour le renforcement de la transparence et de la recevabilité dans leur mission, relevant de leurs expériences et expertises  dans le renforcement de la gouvernance économique, dans la lutte contre la corruption et la promotion des outils de recevabilité, il est aussi impératif d’avoir une presse qualifiée, professionnelle,  bien formée et apte à accompagner ces changements.

C’est ainsi  que le journaliste est de plus en plus interpellé par les changements et mutations sociaux dont les réponses exigent de lui plus de professionnalisme et de rigueur dans la recherche  et l’investigation. En tant que professionnel de l’information, le journaliste doit dès lors  comprendre les implications de ( ITIE) Initiative pour la transparence des industries extractives, incontournable pour l’accès à l’information fiable et certifié

Cette initiative dont le bureau international est composé de 57 pays, est pilotée par un Conseil d’Administration dont le siège est Oslo en Norvège. En Mauritanie le comité national ( ITIE) assure le pilotage de l’initiative.

Elle instaure un dialogue entre les parties prenantes à travers un groupe GMP constitué de représentants du gouvernement, la société civile et les entreprises, pour éclairer le débat public sur la gestion et l’utilisation des ressources naturelles du pays.

Mais aussi l’utilisation des données pour éclairer les réformes juridiques fiscales, renforcer le recouvrement des industries, créer des modèles financiers etc.

Dans ce cadre d’importantes réalisations ont été faites  par GMP Mauritanie dont notamment : le renforcement de la gouvernance du secteur extractif à travers la publication de 16 rapports couvrant la période 2005 /2021.La mise au point d’une plate-forme de données (Data warehouse) pour la divulgation systémique des données du secteur extractif (première du genre entièrement dédiée  à ce secteur en Afrique).

Quittancement des paiements grâce aux recommandations contenus dans les rapports, réalisation d’une étude sur la transition énergétique et son impact sur les secteurs pétrolier et gazier.

Pour les projets en cours d’exécution , il s’agit de la disponibilisation des données en format numérique ( Open Data), préparation de la validation de progrès de la Mauritanie suivant la norme 2019 prévu en janvier 2024.

Divulgation de tous les contrats et licences. Activation du plan de travail 2022 et adoption des actions par rapport à la validation de 2024, entre autres projets en cours. 

Par ailleurs les défis et les enjeux des industries extractives dans le monde et en Afrique en particulier sont des raisons qui doivent poussées les journalistes à s’intéresser au secteur extractif en vue d’y mener des investigations.

Par la documentation, la recherche des informations fiables sur les ressources naturelles de leurs pays (minérales, hydrocarbures) les revenus issus de l’exploitation de ces ressources non renouvelables et générant beaucoup de richesses : elles  sont sources de corruption voire même à l’origine dans certains pays de flux illicites.

Autres caractéristiques des industries extractives, elles sont convoitées par les géants des hydrocarbures, les multinationales, les puissances mondiales et suscitent parfois conflits et guerres civiles.

La bonne gestion et la transparence dans ce secteur peuvent éviter le développement des enclaves économiques, la dégradation de l’environnement, la corruption, les détournements, la pauvreté, l’exclusion, les inégalités. 

Partant des enjeux et défis liées à l’exploitation des ressources minières qui n’est pas nouvelle dans notre pays, du gaz et du pétrole à l’avenir, le projet ITIE /USAID /PNUD qui a été lancé,  le 30 juin 2023 à Nouakchott permettra une meilleure participation des citoyens à  la gestion des ressources minières.
C’est l’occasion pour les journalistes de se familiariser avec les exigences de L’ITIE en vue de mener des investigations,  suivant une démarche scientifique et professionnelle sur d’éventuels manquement ou non application des règles et exigences en matière de transparence dans la gestion des industries extractives.

Cela permettra aussi la compréhension de la portée et la signification de la responsabilité sociétale des industries extractives (RSE).

Mariya TRAORE et  Oulimata SALL