Billet Hebdo : Le pour et le contre des visites présidentielles

lun, 07/12/2021 - 10:50

Les visites présidentielles dans notre pays  représentent un temps fort pour les populations du terroir, qui en gardent une perception plutôt positive. L'enthousiasme, la joie, l'admiration de l'hôte et la passion de le voir en chair et en os sont les sentiments qu'éprouvent généralement les foules venues l'accueillir, qui s'entremêlent certainement, pour ceux qui viennent de loin au sein de leurs propres moyens de locomotion, au besoin de  s'extirper de la routine ambiante, ou oublier momentanément les soucis du quotidien.

 En général pas nombreuses dans le temps, ces visites entrainent de grandes dépenses, à  la fois à la population d'accueil, à  l'Etat et aux communes concernées. Elles coûtent donc à la collectivité nationale, et le premier point essentiel aux yeux de tous, est de savoir quel bénéfice ou quelle plus-value apportera cette visite pour les habitants, en termes de projets nouveaux d'emploi ou de développement économique et social de la contrée ? C'est sur la base de l'évaluation objective de ces éléments qu'on peut juger de l'opprtunité de ces dépenses : résultats positifs, les visites sont rentables, résultats négatifs, elles sont du gâchis, et simples tournées de spectacles et de divertissement, sans rendement aucun pour le pays.
     Cette façon de valoriser l'action publique au niveau local semble être le souci majeur du Président de la République lors de sa visite effectuée la semaine d'avant au Trarza. Il ne procède certainement pas du hasard, lorsqu'on l'a vu :
                - Tenir à visiter toutes les localités de la Wilaya figurant dans son timing de visites pour prendre en compte par lui même de ce qui a été fait des projets l'année dernière, de ce qui n'a pas été fait, de ce qui aura été mal fait ou de ce qui a été bien fait.
              - Voir dans le visage des populations, lire  les traits des gens, et évaluer leur état d'esprit, leur perception de la gestion des affaires du  pays et l'état sécuritaire général,  et les rassurer à ce niveau car l'inquiétude était grande la semaine d'avant à cause de la recrudescence de la criminalité urbaine.
               - Donner le ton à ce qui se trame dans les réseaux sociaux comme comportements et propos nocifs et désormais incriminés.  
                -Transformer le potentiel agricole dont jouit la région en actions concrètes et projets de développement au profit de notre autosuffisance alimentaire, au même titre que la réduction de la pauvreté.
       C’est pour la première fois un message fort, visant à mettre à profit une visite courte et que les populations n'ont pas l'occasion d'en bénéficier tous les jours.
       C'est pourquoi, et c'est l'avis de la majorité des gens, la visite a été des plus réussies par rapport à celles de ses prédécesseurs.
                  Mohamed Ould Snih
Encadré =   Les citoyens face aux urgences
     Deux questions fondamentales préocccupent les mauritaniens durant ces jours-ci : le manque d'eau dans nombre de localités et la hausse vertigineuse du prix des moutons sur tout le territoire national, à la veille de l'Aïd El Kébir.
     Les habitants de plusieurs localités de l'intérieur du pays  vivent depuis plusieurs années au rythme des protestations contre  le manque cruel d'eau potable. Maintenant le problème gagne certaines villes, qui connaissent des coupures récurrentes d’eau. Les habitants de Kobéni, au Hodh ont protesté ces derniers jours contre les coupures inopinées d’eau. Des citoyens dans cette ville ont bloqué la circulation et incendié des bâtiments administratifs.
     Voilà donc une bonne frange de la population mauritanienne de nouveau confrontée à une grave pénurie d’eau.  Or, s'il n'y a pas d’eau,  donc pas de vie. L’accès à l’eau potable est donc un droit et les citoyens en sont conscients car toutes ces pénuries les ont vécu comme un manquement à ce droit.  
        C'est la leçon que doit comprendre le Gouvernement et faire figurer en tête de liste des urgences nationales cette question d'eau potable.  la Mauritanie se situe dans une région (Maghreb arabe) qui en manque. Et cette région n'est pas la seule dans cette situation. En de multiples points de la planète, la rareté  structurelle de l'eau, exacerbée nouvellement par le réchauffement climatique crée de facto une inquiétude de stress hydrique qu'il faut affronter par une gestion responsable des ressources dont on dispose pour nous garantir un approvisionnement assez régulier durant les décennies à venir.
      L'Aïd El Kébir arrive au galop, il sera célébré le 21 du mois courant. D'ores et déjà, les tarifs affichés dans les marchés du bétail placent les prix des moutons hors des bourses faibles et moyennes. Ils sont horrifiants et donnent le tournis aux pères de familles qui visitent ces jours-ci le marché pour s'enquérir  du prix de ces bêtes.  Avec des prix avoisinant le double du SMIC pour les moins disans, on ne peut conclure que bon nombre de fidèles cette année tourneront purement et simplement le dos à la sunna du sacrifice, sauf si l'Etat intervient pour raisonner un peu plus les commerçants.
     

  Mohamed Ould Snih