Billet Hebdo Ramadhan 2021 : C’est déjà la spirale des prix de consommation courante

lun, 04/12/2021 - 15:57

Le mois béni du Ramadhan vient en galop, avec lui évidemment ses immenses vertus mais également, en face, notre inévitable penchant au gâchis, commis pourtant au nom de ce mois sacré et en contexte de crise économique et hausse vertigineuse des prix.

    Les prêcheurs avérés et les sages tout court ne manqueront pas de nous dire combien est drôle et condamnable par Dieu cette façon de glorifier le mois, mais cela ne fera que tirer sur les ficelles de cette frénésie dépensière.  D’ailleurs, la récurrence de cette frénésie à chaque occasion de Ramadhan, laisse à penser que le phénomène tient à des facteurs religieux considérant les dépenses faites pendant ce mois comme partie intégrante du culte lui-même, et même exagérées et insensées au regard du budget familial, restent en dehors du gaspillage prohibé. C’est donc dire que le Ramadhan ne sera pas, une fois encore, «le mois de la retenue». Il s'ensuivra alors une propension démesurée à dépenser ; le jeûneur se fera «plumer» à chaque coin de rue, le plus souvent pour des achats de produits alimentaires inutiles (boissons, gâteaux…) et sans valeur nutritive, alors que ce qu’il fallait, c’est saisir le sens du jeûne qui est de goûter en tant soit peu les effets de la privation pour mieux comprendre les souffrances qu’endurent les plus démunis.

     En ce qui concerne les préparatifs du Ramadhan, le Ministre du Commerce a assuré que les produits de large consommation seront disponibles. Et pour veiller au respect des mesures prises, afin de lutter contre la spéculation et la protection des consommateurs, des brigades sillonneront les commerces. Le Ministère a assuré par ailleurs que des espaces de vente de légumes et produits alimentaires seront ouverts dans les wilayas de l’intérieur.

      Il y a aussi cette crise de hausse des prix. Les prix de l'huile, du sucre, des pommes de terre, pour ne citer que ces produits, ont connu des augmentations brutales durant cette semaine précédant le mois béni. Les pouvoirs publics imputent la cause aux « lobbys » qui sentaient leurs intérêts menacés quand le gouvernement exprime son intention d'imposer le prix des denrées de première nécessité. Mais les autorités ont fini apparemment par céder sur cette mesure censée combattre le diktat des gros commerçants.

     Il incombe donc au gouvernement de procéder à d'autres choix pour alléger le budget des ménages pendant (et après) le Ramadhan :

              1. Augmenter la disponibilité des produits de première nécessité ;

             2. Procéder à une opération de distribution de revenus aux familles nécessiteuses (à recenser après des enquêtes sociales), qui seront versés à l'occasion du mois sacré.

          3. Autoriser l'ouverture de plus de boutiques de solidarité, où non seulement les consommateurs aux petites bourses y trouveront des prix bon marché, mais aussi les acheteurs fréquentant ces boutiques trouveront un traitement humain et préservant leur dignité.

 

                                            Mohamed Ould Snih