Billet Hebdo La signature d’une Convention de création d’un pont fluvial à Rosso

mar, 03/30/2021 - 16:31

    Comme en 2017, et en 2018, les gouvernements sénégalais et mauritanien ont décidé ce 25 Mars 2021 de démarrer les travaux de construction du pont de Rosso, à la frontière entre les deux pays, en vue d’accroître les échanges commerciaux sur l’axe Nouakchott-Dakar. Souhaitons que cette fois sera la bonne, car la réalisation de ce pont marquera un tournant décisif dans la concrétisation des ambitieux projets et programmes d'intégration sous -régionales financés par la Banque Africaine de Développement (BAD). Faut-il le rappeler, la BAD a un avantage comparatif pour avoir toujours une option résolument tournée vers le financement  des projets d'infrastructures de qualité pour accompagner le  développement socio-économique de notre continent, à l'image à son temps de l'aéroport de Banjul en Gambie, de la construction du nouvel aéroport de Praia et l'extension de celui de Casablanca, et bien d'autres infrastructures plus récentes.

     Et relativement au pont de Rosso, rappelons que cet ouvrage majeur sera construit sur le fleuve, à un coût de 87,63 millions d’euros. Long de 1651 mètres pour 55 mètres de large, il reliera la commune de Rosso- Mauritanie à sa jumelle Rosso- Sénégal, en facilitant les déplacements des populations locales qui le traverseront chaque jour de part et d’autre pour des activités économiques et commerciales, ce qui en fait une passerelle stratégique entre les deux pays.  La Gambie les rejoindra à la concrétisation du pont prévu sur le fleuve Gambie, ce qui favorisera davantage l’interconnexion et la cohésion entre nos trois peuples.  

       Maintenant, la traversée du fleuve s’effectue à l’aide du bac de Rosso, devenu incompatible vu la forte demande. Ce bac est en mauvais état, le trafic y est ralenti, car on fait à peine 4 traversées par jour. Avec la concrétisation de l’ouvrage, au lieu d’une heure pour traverser, le voyageur n’aura plus besoin que de 10 minutes. 530 véhicules passeront par jour sur le corridor au lieu 150 actuellement. Il faut signaler qu’en dehors de la réalisation de l’infrastructure, il y aura d’autres aménagements socioéconomiques connexes. Ainsi beaucoup de choses changeront à la frontière pour améliorer les conditions de vie et d’existence des populations, par exemple des pistes rurales et des voiries urbaines.

       Mais un ouvrage facilitant de la sorte la circulation des personnes 24 heures sur 24 heures, y compris les bandits et les criminels, ne peut qu'être considérée avec suspicion et peur par les habitants des deux villes.

      Alors, qu'on ne s'y trompe pas !  Le pont, malgré son importance accentue les situations d'insécurité, un défi auquel les autorités doivent déjà réfléchir, pour y faire face le cas échéant.

                                     Mohamed Ould Snih

 

                                                        Encadré :

 

                     Mobilisons-nous au profit de notre agriculture

 

      Bien que notre pays recèle de ressources en eau et en terres arables non négligeables, l'agriculture y est pourtant délaissée ! Notre production agricole suffit à peine à couvrir 30% de nos besoins alimentaires, se résignent récemment des professionnels du secteur lors d’une discussion sur l’agriculture. Un constat  alarmant qui met à rude épreuves les stratégies et politiques des services concernés durant ces dernières années, où le monde paysan renoue avec la bonne pluviométrie et la désalinisation des eaux du fleuve Sénégal, offrant la possibilité de mise en valeur de plusieurs milliers d’hectares de culture irriguée.

    La question centrale maintenant est celle de savoir comment faire pour que la Mauritanie échappe à ce carcan insidieux et abject de la pauvreté. Notre conviction est qu’il est tout à fait possible d’y échapper ! Mais comment ?

    D’abord, il s’agit de commencer par vaincre les démons du fatalisme, en ayant foi en notre capacité- dirigeants et peuple- à amorcer un changement contribuant à la valorisation du travail de la terre pour relever le défi de l'autosuffisance alimentaire. Il s'agit à cet effet d'appeler à une mobilisation générale du grand public et sa sensibilisation sur les atouts agricoles du pays qui, s'ils sont judicieusement exploités permettront de résorber le chômage, booster l'économie et la croissance. Le Président de la République doit prendre les devants dans cette mobilisation pour changer cette image bien souvent décalée de l'agriculture lors de ses tournées à l'intérieure du territoire national. On s'attend à ce qu'il appelle à une véritable réconciliation avec l'agriculture et au retour au terroir, en encourageant- au passage par des mesures incitatives - les jeunes ruraux, les promoteurs, les cadres actifs et retraités à se procurer les terres et les travailler pour pouvoir produire nous-mêmes notre nourriture.  Les élus, les cadres, les services de l'agriculture, de l'élevage et de l’environnement sont aussi appelés à y participer, mais ici de manière permanente et assidue. 

     Ensuite, cette mobilisation doit être accompagnée de l’application d’une stratégie pour le compte du secteur, qui renferme :

  • Une mobilisation générale au profit de l’agriculture
  • Définition des moyens assurant l’accès de la population entière, y compris les femmes qui représentent 52% de la population mauritanienne, à la terre et aux projets agricoles de proximité. Les autorités ont déjà créé un département chargé de l’entreprenariat féminin depuis cette année. A travers cette structure, il s’agit d’amener les femmes entrepreneures ou celles souhaitant le devenir, à créer, gérer et développer des entreprises dans les créneaux porteurs du secteur. A cela s’ajoute le réseau des mutuelles des femmes et les institutions du micro- crédit.
  • La promotion des investissements dans l’agriculture :

   En termes de promotion des investissements, les principaux outils sont, entre autres la création d’un conseil présidentiel de l’investissement agricole qui est un organe consultatif composée de dirigeants d’entreprises, dont la principale mission est de renforcer le dialogue entre le Gouvernement et les investisseurs afin d’accélérer les mesures gouvernementales visant à lever les entraves aux réformes destinées à améliorer l’attraction du secteur. Ce conseil doit se concerter et rendre trimestriellement compte au Président de la République pour une meilleure prise en charge des problèmes du secteur.

  • La promulgation d’une loi sur la sécurisation foncière et la modernisation agricole, pour mettre de l’ordre dans le domaine et trouver les solutions aux conflits rattachés à la propriété foncière, qui entrave le développement du secteur et menace la paix sociale.

 

                            Mohamed Ould Snih